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Afrique

D’un temps de crise à une nouvelle ère de partenariat inclusif : le Comité de l’IS s’est réuni à Dakar

19-20 juin 2009


A . Chapitre préliminaire
 
Toute négociation pose en elle des approches doctrinales, des enjeux stratégiques, mais surtout des intérêts spécifiques. Aujourd’hui plus qu’hier les pays échangeront des biens et des services, mais aussi des personnes, des technologies et la science. La mondialisation est le concept à la mode, bien que le phénomène remonte à la nuit des temps, sous des formats réduits certes, mais avec le même contenu.
 
L’Accord de Partenariat Economique Union Européenne – Pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique s’inscrit forcément dans cette trajectoire historique, parce qu’il succédera à d’autres cadres de coopération. De mon point de vue, certains enjeux fondamentaux éclairent l’Accord de partenariat économique UE – ACP.
 
a) D’abord, nous sommes bien dans un cadre multilatéral
 
Les relations économiques internationales s’effectuent dans un contexte mondial d’ouverture des économies et des marchés. Le poids politique et économique des acteurs, l’effet de domination subséquent, les marges de négociation achèvent de convaincre sur le décalage des intérêts des parties et la capacité des uns et des autres à les prendre en charge dans le texte final.
 
L’échange est donc inégal (Rosa Luxembourg) et il convient, dans chaque cas de figure, pour chaque partie, de s’organiser pour exister, pour négocier autour de ses préoccupations. Si dans le cas des APE, le développement est l’objectif recherché par le groupe ACP, l’UE met le focus sur la croissance et les parts de marché.
 
Ensuite, la Zone de Libre Echange est toujours moins favorable à l’économie sous développée ou moins compétitive. Et aujourd’hui, l’échange international est fondé sur une logique néolibérale, plus précisément néoclassique, de l’économie, qui ne donne pas beaucoup d’espace aux économies émergentes qui ne produisent des produits stratégiques ou industrialisés et qui n’ont pas des coûts de production susceptibles d’assurer une grande compétitivité sur le marché international. La qualité, le temps de travail, le coût du capital, la technologie font la différence sur le marché. C’est la consécration de la formule célèbre de l’équilibre général des grandes écoles néoclassiques :
 
Y = C + I + X – M
Y + M = C + I + X
 
S’il est absolument vrai que le commerce seul ne peut pas développer un pays, le problème de l’Afrique c’est la mauvaise ou la non prise en compte du I, c'est-à-dire de l’investissement du développement.
 
Y = revenu                                                           X = exportations
C = consommation                                                M = importations
I = investissement
 
b) Ensuite, il s’agit de négociations
 
Dans ce cas, c’est un accord qui est recherché et plus ou moins obtenu, à la plus ou moins grande satisfaction des parties.
 
Cela veut dire que l’absence de signature n’est pas en soi un problème dans une négociation. Elle est même souvent un élément déclencheur d’un accord amélioré ou recentré.
 
Pour l’APE/AO – UE, la non signature était déjà acquise à la fin du premier semestre de l’année 2007, eu égard aux points de désaccord (voir partie centrale de ce texte) existant entre les parties.
 
En l’occurrence, le débat a longtemps porté sur la double possibilité de signer un accord minimal avant le 31 décembre 2007 et d’engager des négociations complémentaires sur les points de désaccord tout en gérant, en relation avec l’Organisation Mondiale du Commerce, la phase intérimaire.
 
La politisation de l’APE répond dès lors à des préoccupations non avouées, surtout que la négociation continue.
 
c) Au demeurant, les africains doivent renforcer la politique d’intégration sous régionale et régionale
 
Il est admis largement sur le continent, qu’aucun accord commercial, avec un autre ensemble du monde, ne doit rompre la chaîne de l’intégration économique africaine. Le débat des APE illustre à suffisance que l’intégration, qui se renforce de jour en jour en Afrique, constitue la voie la plus crédible pour un développement réel et durable du continent.
 
d) En outre, le partenariat n’est pas neutre
 
L’Afrique y recherche le développement de son agriculture et de ses filières (coton, café, cacao, banane, arachide), l’émergence de son industrie et la viabilisation de ses marchés plus ou moins intégrés.
 
L’Europe déjà riche y voit une occasion d’accroître sa compétitivité par rapport à l’Asie, au Brésil et aux Etats-Unis d’Amérique.
 
L’APE doit assurer la synthèse de ces préoccupations, de ces intérêts spécifiques. Réduire les espaces non homogènes (PMA et non PMA, pays pétroliers ou non, pays à émergence avancée, pays à matières premières stratégiques etc…) à l’intérieur du continent doit constituer la préoccupation centrale de l’Afrique à la recherche de son unité. L’APE ne doit pas annihiler les efforts consentis dans les différentes parties de l’Afrique.
 
L’intérêt de l’Europe et des autres parties économiques du monde, c’est le développement de l’Afrique, continent à fortes potentialités mais dépourvu de technologies adéquates et encore très divisé économiquement et politiquement.
 
e) Enfin, si la préoccupation de l’Afrique reste son développement, dont l’insuffisante prise en compte explique le refus de signature de l’Accord à la date échue, il convient de reconnaître que l’APE seul ne produit pas le développement.
 
Des conditions internes sont à satisfaire pour assurer la présence qualitative de l’Afrique dans l’échange international et dans le cadre de l’économie mondiale. Nous en recensons quelques uns, à titre d’illustrations :
 
-  la bonne gouvernance (une démocratie crédible, une gestion saine des finances publiques, une préservation de l’environnement sous toutes ses formes) ;
 
-  la réussite de l’intégration régionale (l’Afrique de l’Ouest doit pousser la CEDEAO, les infrastructures régionales doivent être édifiées, les mouvements de personnes et de biens acceptés et organisés, la monnaie régionale assise etc…) ;
 
-  l’ajustement des coûts des facteurs (terre, travail, accès au capital) pour élever la compétitivité africaine, développer l’industrie africaine à partir de ses potentialités et en direction du continent en priorité etc…. Ensemble concurrencé, l’Afrique sera un partenaire concurrentiel ;
 
-  les échanges inter-africains de ressources humaines, des services, des technologies dans des secteurs émergents comme l’eau, l’énergie, les télécommunications etc… ;
 
-  la mobilisation des ressources financières internes et externes importantes (comme cela fut pour le plan Marshall) pour s’attaquer aux grandes infrastructures industrielles et de communication (aéroports, routes, ports etc….).
 



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