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La CEI, le Caucase et la Mer noire

Réunion du Comité pour la CEI, le Caucase et la Mer noire de l’Internationale Socialiste Tbilissi, Géorgie

03-04 juin 2013

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Latifa Perry

 

Des partis membres de l’IS de la CEI, du Caucase et de la région de la Mer noire se sont réunis les 3-4 juin 2013, pour discuter des priorités actuelles et des défis à la social-démocratie dans la région et de moyens pour surmonter les conflits, un besoin fondamental pour parvenir à des sociétés justes et prospères. La réunion a été accueillie par le parti membre de l’IS en Géorgie, les Sociaux-Démocrates pour le développement, SDD.

Lors de l’ouverture de la réunion, le Secrétaire général de l’IS a affirmé que la social-démocratie était présente dans tous les pays de la région, même là, où les situations les plus difficiles existaient, et c’était la voie de l’avant pour les gens dans leurs luttes pour une gouvernance démocratique, la résolution des conflits et un progrès social équitable et économique. Il a souligné la satisfaction de l’IS de se réunir formellement en Géorgie, le premier pays à avoir eu un gouvernement social-démocratique, prenant le pouvoir en 1918 suite à la déclaration d’indépendance du pays. Il y avait de nombreuses questions à résoudre dans cette région et notre famille politique se tenait prête à relever les défis ensemble, basé sur la vérité, la démocratie réelle et la solidarité.

Gia Jorjoliani, leader du SDD, a remercié tous les participants de leur présence et salué l’opportunité de discuter les problèmes de la région. Ils allaient prochainement célébrer le 95ième anniversaire de la prise du pouvoir pour la première fois par les sociaux-démocrates en Géorgie, et aujourd’hui ils se réjouissaient de faire avancer davantage la social-démocratie, conscients des nouvelles opportunités qui avaient émergées suite à la crise financière de 2008 et qui en effet était une crise du néolibéralisme. Une nouvelle phase avait commencé, et les sociaux-démocrates géorgiens cherchaient une nouvelle approche, une alternative, aux politiques d’austérité et à la gestion expérimentale du pays sans démocratie. Il était clair pour eux que la politique sans sa dimension sociale ne peut pas apporter une démocratie légitime.

Priorités social-démocratiques

Les discussions du Comité, co-présidés par Vahan Hovhannesyan du ARF-D d’Arménie et Alexandra Dobolyi du MSzP d’Hongrie, avec le Vice-président du Comité Oleg Tulea du PDM de Moldavie, se sont concentrées d’abord sur l’examen des défis actuels auxquels les pays de la région faisaient face. Pendant ces discussions, il a été observé que dans les deux décennies depuis la chute de l’Union Soviétique de nombreux pays n’avaient pas été capable de s’éloigner «d’un ordre irresponsable et de sociétés totalitaires», avec leurs gouvernements se concentrant sur le marché libre comme la solution à tout. Il était ainsi nécessaire de briser la domination des régimes oligarques et de faire avancer des politiques sociales, un système de santé, l’éducation pour tous, l’égalité des chances et une plus grande participation des citoyens.

Il a été souligné qu’il y avait beaucoup de gens, partis, organisations et mouvements à travers la région qui partageaient les principes social-démocratiques, et donc la première tâche consistait à mobiliser ces forces et inspirer les gens de soutenir ces politiques, vu qu’il y avait une tendance parmi les gens de voter pour le parti au pouvoir quand ils se sentaient le plus vulnérable, ou de se tourner vers le nationalisme ou l’extrémisme religieux. Puisque l’idéologie néolibérale était si profondément ancrée dans l’élite, de nouveaux efforts devaient être fait pour expliquer le contenu de la social-démocratie et pour faire entendre nos voix. Malgré les différences dans les divers pays, qui comprenaient des gouvernements de coalitions ou des plateformes partagées, il a été observé que tous faisaient face à un défi commun dans le néolibéralisme. Il y avait des exemples de bonnes pratiques, tels que la Moldavie, dont l’expérience pouvait être partagée, et d’autres qui illustraient que la démocratie, une fois arrivée, devait être constamment défendue, mise à jour et consolidée.

Surmonter les conflits

Sur le sujet de la paix et de la résolution des conflits, il a été noté qu’un des obstacles les plus sérieux pour parvenir à des sociétés justes et prospères était celui des conflits territoriaux. En Géorgie, il y en avait deux, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, qui, il a été rapporté, étaient des conflits ethniques mais qui avaient été manipulés par l’ancien régime nationaliste, d’extrême droite pour créer une idée d’un ennemi interne afin de légitimer leur maintien au pouvoir et pour détourner l’attention de problèmes de gouvernance démocratique, de revendications pour les droits de l’homme, d’une économie équitable et de la sécurité sociale. L’héritage du système soviétique, où les gens observaient mais ne participaient pas, et n’avaient pas de raison de coopérer et de s’unir pour des objectifs communs, associé à l’idéologie hégémonique du néolibéralisme qui suivait, a contribué à «l’isolation et atomisation» de la société, à un manque d’objectifs communs et à un approfondissement des différences. La question aujourd’hui était de savoir comment gérer les frontières au sein du moratoire actuel et comment parvenir au but commun de développement social et économique. Il y avait une nouvelle approche progressiste: que la coopération dans l’agriculture, le développement et un système d’orientation sociale pouvait constituer un chemin de sortie pour ces conflits. Dans le contexte d’autres conflits régionaux en général, il a été observé que cette approche était bonne, pourvu qu’il y ait un dialogue et qu’aucun des côtés ne recherchait une victoire ultime, inconditionnelle. En ce qui concernait le Haut-Karabakh il a été déclaré que les positions restaient tranchées et que la tâche principale était de continuer de promouvoir et construire des opportunités pour un dialogue direct, comme l’IS l’avait fait auparavant entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

L’Internationale Socialiste est connue comme une organisation de peuples qui se tendent la main dans la compréhension et le dialogue, comme cela a pu être vu dans d’autres conflits. Il a été proposé et convenu par le Comité, d’identifier des acteurs politiques ou des gens partageant les mêmes points de vue en Abkhazie et Ossétie du Sud, afin d’entreprendre une initiative de l’IS pour les engager dans des discussions communes.

Tout au long des débats du Comité, l’élément commun était la solidarité internationale, perçue comme étant au cœur de notre identité social-démocratique. Face au défi, dans certaines parties de la région, du capitalisme et néolibéralisme sauvages d’un côté, et du radicalisme de l’autre, il a été souligné que la coopération transfrontalière et la solidarité transnationale devaient être intensifiées et préservées.

Situations nationales

Les participants de la réunion ont également présenté des brefs rapports sur leurs situations nationales, partageant les réalités actuelles dans leurs pays respectifs. Le Comité a entendu avec préoccupation les derniers développements en Turquie, où des citoyens, exerçant leur droit à la liberté de rassemblement, ont été les victimes des brutalités policières et d'un autoritarisme croissant, et où le CHP, un parti membre de l’IS, continue dans sa lutte pour les droits, la liberté, la démocratie et la justice sociale.

Dans le cas de la Géorgie, les participants ont été informés du processus de transformation ayant lieu dans le pays et les mesures prises par le gouvernement, qui a le soutien du parti membre de l’IS, le SDD, pour parvenir à l’éducation et un système de santé universels, la réduction de la pauvreté et le développement des relations entre les villages et les travailleurs.

En Ukraine, il a été rapporté que le régime de Yanukovych montrait les premiers signes d’un retour à l’autoritarisme, et le Comité a exprimé son soutien pour les efforts du peuple luttant pour la justice. Il a été noté qu’en Belarus les sociaux-démocrates luttaient toujours pour faire entendre leur voix, mais qu’ils continuaient à se battre pour les droits, les libertés et la démocratie. Il a été rapporté que la situation du leader emprisonné du BSDP (NH), Mikalai Statkevich, s’était détériorée, et le Comité, dans sa déclaration finale, a appelé à une fin de la persécution de tous les leaders de l’opposition et à leur libération et réhabilitation. Dans le cas du Kazakhstan, une société caractérisée par l’inégalité, la division, le contrôle des médias de masse et un manque d’autres libertés, le membre de l’IS, l’OSDP, continue ses efforts pour promouvoir la social-démocratie et la modernisation politique du pays. En ce qui concerne l’Azerbaïdjan, le Comité a été informé que le SDPA allait présenter ses propres candidats aux prochaines élections. Il a été rapporté que le Président Aliyev mettait en œuvre un nombre de politiques sociales, mais toutefois il n’avait pas de base idéologique. Dans la déclaration finale de la réunion, les membres du Comité ont exprimé leur soutien pour le rétablissement du statut du SDPA au sein de l’IS.

En ce qui concerne la Moldavie, prenant en compte la situation antérieure, où un régime autoritaire communiste avait le contrôle et où il n’y avait pas de culture de dialogue, le PDM avait travaillé pour une coalition, apportant un nouvel espoir au pays et ses citoyens, et rapprochant la Moldavie à ses voisins européens. L’IS a été remerciée pour son soutien constant durant ce processus. Dans le cas de l’Arménie, il a été noté qu’il n’y avait pas les questions classiques entre la gauche et la droite du fait qu’il y avait une plateforme partagée avec des objectifs communs dans le gouvernement de coalition. Au sein de ce cadre, toutefois, l’ARF-D continuait de promouvoir les idéaux sociaux-démocrates dans l’intérêt du peuple. En Hongrie, bien que faisant partie de l’UE, le parti membre de l’IS, le MSzP, continuait de travailler pour défendre les droits de citoyens et la démocratie. Il a été rapporté que le parti se préparait aux élections en 2014, qu’il pouvait gagner, bien qu’ils devaient faire face entre autres à des changements de la législation concernant le financement des partis. Le Comité a également entendu un rapport sur la situation actuelle en Grèce, où la crise économique avait lourdement frappée la société, et au niveau humanitaire, et où le danger par conséquent d’une résurgence de l’extrémisme politique existait.

Initiatives futures


Dans la perspective du futur programme de travail du Comité, il a été convenu de poursuivre un nombre d’initiatives, y compris une visite en Belarus, une réunion en Ukraine, une mission au Tadjikistan en relation avec les prochaines élections, de continuer le travail de l’IS en ce qui concerne le Haut-Karabakh et sur les relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et de rechercher des opportunités pour le dialogue impliquant l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

En conclusion des débats, le Comité a adopté une déclaration de la réunion.
 
Liste des participants



Activités apparentées

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