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Afrique

Réunion du Comité Afrique de l'Internationale Socialiste, Bamako, Mali

29-30 mars 1999

Le Comité Afrique s'est réuni à Bamako les 29 et 30 mars, où il a été accueilli par le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, ADEMA-PASJ, Mali. Plus de soixante délégués venus d'une vingtaine de pays se sont rassemblés pour aborder les trois thèmes suivants: 'Mondialisation et l'Afrique: continuation du débat'; 'Conflits régionaux: garantir la paix dans le continent' et 'Faire avancer et promouvoir la démocratie: les priorités d'aujourd'hui'.

Ibrahim Boubacar Keita, premier ministre du Mali et leader d'ADEMA-PASJ, a ouvert la séance et a présenté quelques questions importantes à examiner. L'Afrique, il a déclaré, devait 's'interroger d'urgence sur les priorités de l'avenir immédiat'. Ousmane Tanor Dieng, premier secrétaire du Parti Socialiste du Sénégal et président du Comité Afrique, a exposé alors le travail à faire. Le rôle du Comité, il a constaté, était d'assurer que le continent africain trouvait sa véritable expression au sein de l'IS, et les thèmes de l'ordre du jour contribuaient sans aucun doute à ce processus. Luis Ayala, secrétaire général, a souligné que l'IS était très fière de se réunir au Mali. L'IS était bien placée, il a affirmé, pour 'faire une différence', non seulement en Europe mais sur le continent africain 'où nos valeurs et nos idéaux communs sont avancées chaque jour par les partis membres africains'.

Au terme de ses débats, le Comité a émis une déclaration sur la mondialisation de la perspective africaine. Des résolutions ont été adoptées exprimant les inquiétudes qui existent toujours sur l'instabilité en Angola, sur la crise sociale et politique au Burkina Faso, une réitèrant la motion pour la libération d'Alpha Condé et une autre réaffirmant l'appui de l'IS aux forces démocratiques d'opposition en Guinée Equatoriale.


 

DECLARATION SUR LA MONDIALISATION


Le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste, réuni à Bamako, capitale de la République du Mali, les 29 et 30 mars 1999, après une réflexion approfondie et des analyses informées d'abord entamées à Dakar les 25 y 26 janvier 1999 et poursuivies ensuite à Bamako, a exprimé sa ferme volonté politique de définir une position africaine face au processus de mondialisation en cours.

Le Comité de l'Internationale Socialiste, après avoir pris acte des données constitutives de la mondialisation, et apprécié ses conséquences probables à moyen et long terme sur la vie des individus et l'évolution des sociétés humaines, a apprécié les opportunités offertes par la mondialisation tout comme les facteurs qui menacent l'exercice de la liberté et de la dignité humaines, la préservation de la cohésion sociale, ainsi que l'intégrité des institutions politiques et sociales. Aucune sphère de la vie humaine n'est en définitive épargnée par ce processus qui affecte les ordres politique, social, économique et éthique.

Face à l'ampleur et à l'intensité du phénomène de mondialisation, le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste, consciente de la responsabilité historique des pays africains et de la nécessité pour eux de prendre leur destin en main:

1. Estime éminemment urgent de retenir les principes directeurs suivants ainsi que les plans d'actions qui en découlent comme axes fondamentaux d'une position africaine sur la mondialisation.

2. Considère, devant le contexte néo-libéral marqué dans lequel se déroule le processus de mondialisation en cours, et devant les lourds handicaps du continent pour subir un traitement indifférencié en matière de libéralisation du commerce international, que le Continent Africain devra faire connaître et prévaloir sa position en la matière au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce dont elle est, pour l'heure, exclue. Seule une présence effective au sein de cette instance permettra aux Africains de discuter du traitement de leurs productions et leurs industries locales, aujourd'hui particulièrement mal protégées par rapport aux productions et aux industries des pays du Nord, en particulier.

3. Exprime sa profonde préoccupation devant le faible volume d'investissements directs drainés vers le Continent Africain, malgré les montants colossaux des mouvements internationaux des capitaux en circulation, qu'il s'agisse d'investissements en portefeuille ou en capital physique fixe. Le Comité Afrique insiste particulièrement sur la nécessaire amélioration des mécanismes de drainage de l'investissement direct étranger et sur l'urgence d'une initiative spéciale de la communauté internationale en faveur de l'Afrique sur l'investissement direct étranger, public ou privé.

4. Exprime son inquiétude face au processus de démantèlement des capacités d'analyse, de planification, de programmation et de suivi de l'Etat, en général sous le prétexte - incontestable - de la "bonne gouvernance". A ce titre, le Comité Afrique de l'IS insiste sur la nécessité dans les "programmes de bonne gestion des affaires publiques" de renforcer les capacités de gestion des êtres et des choses des "Pouvoirs Publics" en même temps qu'il est procédé au renforcement de la société civile (formations politiques, presse et secteur privé).

5. Soutient activement la mise en place de programmes d'investissements massifs dans le secteur des nouvelles technologies, incluant la diffusion d'une culture scientifique et technologique au sein de toutes les couches de la société, en particulier chez les plus jeunes.

6. Affirme devant l'instabilité des marchés et des économies, l'urgence de renforcer les perspectives d'analyse à moyen et long terme, seules habilitées, au delà des politiques d'ajustement, à enclencher une dynamique de développement économique et social. L'élaboration de vision prospective ainsi que les fonctions de planification devraient, en appuyant les politiques sectorielles et en finançant le développement local, donner une plus forte résistance et une plus grande résilience aux économies africaines, face à la fréquence des chocs imprévisibles que leur fait subir la mondialisation.

7. Encourage tous les pays africains à améliorer la qualité de leur croissance économique afin d'ouvrir une ère nouvelle d'égalité et de justice sociale. A ce titre, la recherche d'une croissance plus équitable et plus équilibrée passe par, entre autres, une amélioration de la structure des dépenses publiques en faveur des couches et des régions les plus démunies, la recherche d'une plus large diffusion des effets de la croissance sur le bas de la pyramide sociale et enfin une structuration plus "stratégique" des déficits publics. Le Comité Afrique réitère sa volonté de voir un dialogue plus ouvert, plus subtile s'instaurer entre les pays du Continent et les institutions de Bretton Woods sur la nature et la "qualité" des déficits publics.

8. Encourage les pays africains, dans leur recherche d'un développement équilibré, de corriger les effets asymétriques de la mondialisation sur les régions intérieures par la promotion des politiques d'aménagement du territoire appuyées sur les instruments de la coopération internationale, grâce à une meilleure intégration des projets d'initiative régionale dans les programmes d'investissements publics de l'Etat central.

9. Estime que, tout en marquant sa ferme adhésion aux principes et aux valeurs qui ont toujours fondé l'universalisme, l'Afrique devrait préserver son identité culturelle et ses valeurs morales face aux assauts d'une "sous-culture" véhiculée par la mondialisation. A ce sujet, le Comité Afrique de l'IS exhorte tous les pays africains à soutenir la création africaine ainsi que les produits culturels africains afin de leur donner une chance sur le marché mondial tout en leur permettant de résister à l'invasion de leurs marchés intérieurs. Des initiatives concrètes devraient être prises à ce propos par les gouvernants et la société civile.

10. Milite activement en faveur d'une initiative de suppression totale ou, à défaut de suspension conditionnelle, de la dette des pays africains, à travers des mécanismes de reconversion qui permettront à ces pays, d'orienter ces ressources vers des investissements sociaux orientés vers la formation du capital humain, reconnu comme un facteur déterminant de réussite dans la mondialisation en cours.

11. Soutient l'idée pertinente d'un Conseil de Sécurité Economique au sein du système actuel des Nations unies et demande aux membres de l'Internationale Socialiste au pouvoir dans les différents pays du monde, en particulier ceux de l'Europe, d'oeuvrer à la réalisation du projet.

12. Recommande vivement aux pays africains de renforcer leur intégration politique, économique et culturelle et leur demande, en particulier, de constituer une alliance forte et durable capable de renégocier les prochains termes de la Convention de Lomé dans le sens d'une meilleure prise en compte des intérêts des peuples africains.

13. Appelle tous les partis membres de l'Internationale Socialiste et toutes les forces de progrès à soutenir activement la présente plate-forme et à aider à la promotion de la "position africaine" ici arrêtée.


RESOLUTION SUR L'ANGOLA

Le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste, réuni les 29 et 30 mars 1999 à Bamako, Mali, après une profonde analyse de la situation qui prévaut sur le Continent, et plus spécifiquement des conflits armés qui s'y déroulent, exprime sa profonde inquiétude en ce qui concerne la recrudescence de la guerre en Angola, conséquence du non respect par l'UNITA de ses engagements résultant du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations unies.

Face à cette situation, le Comité Afrique de l'IS:

Manifeste sa consternation, face à cette nouvelle vague de violence, avec son cortège de morts et de destruction des infrastructures, qui bloque le processus de développement économique et social du pays;

Joint sa voix à celle de tous les africains dignes de ce nom, de la communauté internationale et de ses institutions, pour rendre responsable Jonas Savimbi et ses hommes de main, de la tragédie qui accable une nouvelle fois le peuple frère angolais et exiger l'application integrale des sanctions adoptées par le Conseil de Sécurité de l'ONU;

Exprime sa profonde préoccupation, face à la complicité de certains secteurs de la communauté internationale qui ont soutenu ou occulté le long processus de réarmement de l'UNITA, ce qui lui a permis de se doter d'armes modernes et de se renforcer par le recrutement de mercenaires d'origine diverse, rendant possible l'escalade de guerre que vit actuellement l'Angola;

Condamne fermement tous ceux qui, de manière directe ou indirecte, participent à l'action de guerre de Jonas Savimbi et de ses agents;

Se solidarise avec le Gouvernement légitime de l'Angola dans les efforts déployés pour la sauvegarde de l'integrité térritoriale, ainsi que dans les actions qu'il entreprend en vue d'atteindre le plus rapidement possible une paix durable, et réitère sa solidarité fraternelle avec le MPLA;

Appelle tous les partis membres et toutes les forces éprises de paix, à ne pas taire ni permettre aucune action des groupes ou institutions qui dynamisent ou soutiennent les actes de guerre de Jonas Savimbi.

Enfin, le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste,

Lance un appel à ses partis membres pour la promotion d'actions concrètes de solidarité avec le peuple angolais.



RESOLUTION SUR LA CRISE SOCIALE ET POLITIQUE AU BURKINA FASO

Le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste, réuni au Bamako les 29-30 mars 1999,

ayant pris connaissance de la situation de crise sociale et politique au Burkina Faso qui a suscité la création d'un collectif de 45 organisations démocratiques de masses et de partis politiques, dont le Parti pour la Démocratie et le Progrès, PDP;

fidèle à ses idéaux démocratiques et socialistes, le Comité Afrique de l'IS qui avait déjà stigmatisé cette situation lors de sa session de Dakar en janvier 1999:

Demande que toute la lumière soit faite sur tous les crimes de sang et que justice soit rendue;

Soutient le collectif des organisations démocratiques de masses et de partis politiques et le félicite, car sa butte contribue à renforcer l'Etat de droit et le processus démocratique au Burkina Faso;

Encourage le PDP à contribuer davantage à cette lutte démocratique, partie intégrante de la lutte pour le socialisme démocratique;

Demande enfin au pouvoir Burkinabé de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à l'impunité, car l'impunité tue la démocratie.



RESOLUTION SUR LA GUINEE EQUATORIALE

Original: espagnol

Le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste, réuni à Bamako les 29 et 30 mars 1999, a débattu sur la progression et la promotion de la démocratie en Afrique.

Malgré les progrès de la démocratie dans beaucoup de pays du Continent, le Comité s'est spécialement plaint de l'absence absolue de règles démocratiques lors des dernières élections en Guinée Equatoriale, le 7 mars.

Tout en rappelant ses plus récentes résolutions, le Comité condamne le régime de Teodoro Obiang pour le mépris de la démocratie et des droits de la personne humaine, qu'il a manifesté une fois de plus à cette occasion, de la façon la plus cruelle et la plus vile.

Il renouvelle son appui à l'opposition démocratique en Guinée Equatoriale et spécialement à la Convergence pour la Démocratie Sociale, CPDS, dont les leaders font l'objet d'une persécution systématique et subissent une répression criminelle.

Il invite ses partis membres à agir en faveur de la démocratie et du respect des droits de la personne humaine en Guinée Equatoriale, en évitant tout type de collaboration avec la dictature méprisable de Teodoro Obiang.


RESOLUTION SUR ALPHA CONDE

Le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste réuni à Bamako les 29-30 mars 1999,

considérant la motion prise lors de la rencontre à Dakar les 25 et 26 janvier 1999 sur la libération de Alpha Condé et de ses co-détenus en Guinée,

considérant qu'à ce jour quatre députés du Rassemblement du Peuple de Guinée, RPG, sur les cinq qui avaient été arrêtés ont été libérés ainsi que d'autres détenus du RPG et du Responsable du Parti qui l'avait soutenu à l'élection guinéenne du 14 décembre 1998:

Se félicite de ces libérations;

Renouvelle la motion pour la libération de Alpha Condé;

Encourage le Pouvoir guinéen à agir dans ces sens.


LISTE DE PARTICIPANTS

Président du Comité
Ousmane Tanor Dieng
(Sénégal, PS)


Secrétaire général de l'Internationale Socialiste
Luis Ayala


ALLEMAGNE
Parti Social-Démocrate d'Allemagne, SPD
Peter Treichel


BELGIQUE
Parti Socialiste, PS
Etienne Godin
Sonia Vanloo


BURKINA FASO
Parti pour la Démocratie et le Progrès, PDP
Joseph Ki-Zerbo
Etienne Traoré
Alain Zougba


CAMEROUN
Front Social-Démocratique, SDF
Ni John Fru Ndi
Henry A. Njiwah



CAP-VERT
Parti Africain de l'Indépendance
du Cap-Vert, PAICV
Manuel Frederico


COTE D'IVOIRE
Front Populaire Ivoirien, FPI
Laurent Gbagbo
Odette Sauyé-Likikouet


DANEMARK
Parti Social-Démocrate
Steen Christensen


EGYPTE
Parti Démocratique National, NDP
Emad Fayez


ESPAGNE
Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, PSOE
Ricard Torrell


FRANCE
Parti Socialiste, PS
Guy Labertit


MALI
Parti Africain pour la Solidarité
et la Justice, ADEMA-PASJ
Ibrahim Boubacar Keita
Dioncounda Traoré
Ibrahima N'Diaye
Bocar Sall
Karamoko Ouedrago
Abdramane Niang
Elmadani Diallo
Ibrahim Siby
Bocary Treta
Siné Bayo
Mahamadou Y. Maiga
Abderhamane Sotbar
Alassane Drame
Diakité Samaba Sissoko
Mohamed Ag Erlaf
Adama Samassekou
Sy Kadiatou Sow
Mohamed Salia Sokona
Soumaila Cisse
Foousseyni Samake
Bakary K. Traoré
Soumailou B. Maïga
Ousmane Sy
Binton Sanankouaq
Ali Sankare


MAROC
Union Socialiste des Forces Populaires, USFP
Abdessalam Eddabbagh


MOZAMBIQUE
Parti FRELIMO
Amélia Matos Sumbana


NIGER
Parti Nigérien pour la Démocratie
et le Socialisme, PNDS
Massaoudou Hassoumi


PORTUGAL
Parti Socialiste, PS
Filipe Costa


SENEGAL
Parti Socialiste du Sénégal, PS
Abdoulaye M. Diop
Alassane Dialy Ndiaye
Chérif Macky Sall
Papa Amath Dieng
El Hadj Ibrahima Sall
Moustapha Kasse


SUEDE
Parti Social-Démocrate Suédois, SAP
Roger Hallhag


TUNISIE
Le Rassemblement Constitutionnel
Démocratique, RCD
Hachmi Amri


Bureau du président de l'IS
Michel Thauvin


Internationale Socialiste des Femmes, ISF
Die Maty Fall


Secrétariat de l'IS
Gabriela Shepherd
Patricia Coelho


Invités
GUINEE
Rassemblement du Peuple de Guinée, RPG
Ibrahima Sory Keita


KENYA
Parti du Développement National, NDP
Raila Odinga


SOUDAN
Parti Unioniste Démocratique, DUP
Zein El-Abdien El-Hindi
Mohamed E. Elwasil


TOGO
Convention Démocratique des Peuples
Africains, CDPA
Léopold Gnininvi


ZIMBABWE
Union Nationale Africaine du Zimbabwe,
ZANU-PF
Chippo Zindoga


Front Polisario
Malainine Saoik

 



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