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Afrique

Réunion du Comité Afrique de l'IS, Luanda, Angola

12-13 décembre 2017

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Latifa Perry

 

Les partis africains membres de l’Internationale Socialiste se sont réunis à Luanda les 12 et 13 décembre 2017, accueillis par le parti membre de l’IS en Angola, le MPLA. Les discussions du Comité se sont concentrées sur deux thèmes principaux : « Pour des politiques humaines, justes et démocratiques – notre rôle et notre engagement en Afrique », et « Garantir la paix et le règlement des conflits dans la région des Grands Lacs ».

La réunion a été ouverte par Julião Mateus Paulo « Dino Matross », du parti hôte, et par le Secrétaire général de l’IS. Dans son discours d’ouverture, Julião Mateus Paulo est revenu sur ce moment historique dans l’histoire de l’Angola suite aux dernières élections remportées par leur candidat avec 61 % des votes, et le nouveau cycle désormais amorcé. Ils aspirent à une plus grande diversification économique et à une moindre dépendance au pétrole, une transformation qui s’accompagne d’un processus de réformes de l’État et du système judiciaire et à garantir l’emploi, de meilleurs services, plus de justice sociale et une meilleure qualité de vie. Sur la scène internationale, il a fait état des tensions croissantes et a souligné le besoin de coopérer avec les Nations Unies pour dégager des solutions pacifiques aux multiples conflits dans le monde. Concernant l’Afrique, il a mentionné les conflits dans la région des Grands Lacs, ainsi qu’en Somalie, au Nigéria, en Libye, au Soudan, en République centrafricaine et au Mali, provoquant une émigration illégale massive et dans des conditions inhumaines. Il a réitéré que l’Afrique est riche en ressources naturelles mais pauvre en développement. Au sein de l’IS, nous sommes unis face au besoin de travailler ensemble dans la lutte contre les problèmes du continent.

Le Secrétaire général de l’IS, Luis Ayala, a adressé ses félicitations au Président de la République, João Lourenço, pour sa victoire dans les urnes, se disant satisfait et honoré d’avoir pu accompagner le processus électoral et la transformation que connaît l’Angola. Il a salué l’approche de João Lourenço relative au travail de son gouvernement, d'« améliorer ce qui va bien et corriger ce qui ne va pas ». L’engagement pris par le Président de lutter contre la corruption mérite l’attention et le respect de tous nous. L’Angola a considérablement progressé depuis l’établissement de la paix en 2002 et João Lourenço a apporté une vision solide et un leadership pour l’avenir. En tant que socio-démocrates et socialistes, nous sommes restés fidèles à nos principes et promesses, engagés à garantir les libertés et le respect des droits du peuple, des hommes, des femmes et des jeunes. Au sein de l’IS, nous restons fermes dans la lutte contre les inégalités économiques, pour relever les défis du développement durable et améliorer la vie des gens. Tout en reconnaissant le monde conflictuel dans lequel nous vivons, il est revenu sur le besoin de s’attaquer au déficit démocratique, au problème des inégalités, et d’accroître la justice et la solidarité, pour assurer la paix.

Abordant tout d’abord le thème « Garantir la paix et le règlement des conflits dans la région des Grands Lacs », le Comité a entendu le discours liminaire du ministre angolais des Affaires étrangères, Manuel Augusto, qui a souligné la performance de l’Angola dans le règlement de conflits, signalant qu’alors qu’un processus de pacification et de stabilisation de l’est de la RDC est en cours, de nouveaux conflits ont surgi au Burundi, en République centrafricaine, au Soudan et au Soudan du Sud. Il a évoqué un récent sommet des chefs d’États de l’Angola, du Congo Brazzaville et de la RDC, à l’initiative du Président angolais João Lourenço, et a réitéré l’engagement de l’Angola pour la recherche de la paix et le règlement des conflits dans la région. Les membres du Comité ont pris part à de vifs débats sur ce sujet et ont bénéficié d’une séance de questions-réponses avec le ministre.

Sur le thème « Pour des politiques humaines, justes et démocratiques – notre rôle et notre engagement en Afrique », un discours liminaire a été prononcé par Manuel José Nunes Júnior, membre du bureau politique du MPLA et ministre d’État, lors d’une séance qui a compté sur une grande diversité de perspectives avec de nombreuses contributions des représentants des partis membres en Afrique.

La réunion a donné l’occasion aux participants de partager des informations relatives à la situation nationale de leur pays respectif. De nombreuses rapports ont été soumises, notamment concernant la crise qui touche la population anglophone au Cameroun ; les graves événements qui ont eu lieu au Togo au cours des quatre derniers mois ; la situation en République démocratique du Congo, où le gouvernement s’est engagé à convoquer des élections le 23 décembre 2018 ; le climat actuel en Guinée équatoriale suite aux élections du 12 novembre dernier, à l’occasion desquelles le parti au pouvoir a remporté, sans surprise, tous les sièges sauf un à la Chambre des députés, tous les sièges au Sénat et tous les conseils municipaux ; la situation au Tchad, au Mali, au Niger, au Sénégal et en Guinée, dont le Président Alpha Condé, un membre de l’IS, est à la tête de l’Union africaine. Une présentation approfondie de la situation actuelle en Angola a également été soumise par João de Almeida Martins, membre du bureau politique du MPLA.

Le Comité a réélu Emmanuel Golou (PSD, Bénin) et Ebrahim Ebrahim (ANC, Afrique du Sud), respectivement président et vice-président du Comité.

Suite aux discussions et au travail de ceux qui se sont réunis à Luanda, une Déclaration a été rédigée, reprenant les principaux points ayant fait l’objet des débats.

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Réunion du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste
Luanda, Angola, 12-13 décembre 2017

 

DÉCLARATION DE LUANDA

Original: espagnol

Les partis membres de l’Internationale Socialiste en Afrique, réunis les 12 et 13 décembre à Luanda avec le MPLA, son parti membre en Angola, pour hôte, déclarent :
 

  1. Leur entière satisfaction et leur joie de constater que le MPLA, au travers de la gestion du gouvernement du président João Lourenço, met en œuvre un programme ambitieux et un ensemble de priorités qui répondent aux aspirations du peuple angolais dans le cadre d’une démocratie pleinement consolidée et renforcée par l’expression populaire des élections en août dernier ; élections qui furent pleinement justes et libres.
     
  2. Nous apprécions et soutenons les objectifs énoncés par le président Lourenço de renforcer les institutions politiques et la démocratie à travers le renforcement de l’État de droit, la lutte contre la corruption, la diversification de l’économie et des politiques visant à améliorer les conditions de vie de tous les Angolais.
     
  3. Nous saluons le plein engagement du président Lourenço à mettre en avant les intérêts de tout le peuple angolais dans la construction d’un pays et d’une société qui offre des perspectives d’avenir à tous ses citoyens, donnant la priorité au progrès social, à l’inclusion, à la lutte contre la pauvreté, à la croissance de l’économie et à un avenir d’avancées qui profitent à tous.
     
  4. Nous exprimons de manière unanime notre reconnaissance et notre fierté face à la tâche qui incombe aujourd’hui à nos camarades du MPLA et au Président de la République de l’Angola en cette nouvelle étape de l’histoire du pays, nous leur souhaitons le plein succès dans leur gestion.
     
  5. De même, nous félicitons le président Lourenço pour son rôle dans la gestion et l’initiative relatives à la stabilité et à la sécurité démocratique qui règne dans la région des Grands Lacs, suite à la récente réunion avec ses collègues chefs d’État du Congo Brazzaville et de la République démocratique du Congo, qui a rendu formelle la tenue d’élections en RDC prévues pour le 23 décembre 2018, un élément fondamental pour la stabilité de toute cette région.
     
  6. Nous continuerons de compter sur la contribution, l’enthousiasme et l’appui du MPLA dans le cadre des travaux de l’Internationale Socialiste aux niveaux régional et mondial en faveur de la paix, de la démocratie, des libertés et des droits de tous face aux défis communs de notre famille politique pour atteindre un monde plus juste et solidaire.

 

En ce qui trait aux attentes de notre famille politique relatives au Congo :

 

  1. Nous lançons un appel au gouvernement de la RDC et aux institutions étatiques à assurer et à fournir toutes les conditions requises pour la conduite d’élections justes et libres qui garantissent la participation des différentes forces politiques, tant gouvernementales que de l’opposition, ainsi que de tous les citoyens, et qui conduisent à une transition pacifique vers un gouvernement démocratiquement élu dans les délais indiqués et impartis lors de la réunion entre les trois chefs d’État de l’Angola, du Congo Brazzaville et de la RDC.
     
  2. L’Internationale Socialiste, directement et au travers de ses membres, est prête à contribuer de manière ouverte et honnête par sa présence et sa participation en vue d’accompagner et de soutenir ce processus électoral à ses différentes étapes, en présumant que les autorités du pays et les instances électorales soient disposées à ouvrir leurs portes à une observation internationale.

 

En ce qui trait aux graves événements qui se déroulent au Togo depuis déjà quatre mois :

 

  1. Appuie et exprime sa sympathie et sa solidarité envers le peuple togolais qui manifeste pacifiquement et de manière continue dans tout le pays pour sa liberté confisquée depuis plus de cinquante ans par la même famille biologique. Ces manifestations pacifiques menées par une coalition de quatorze partis de l’opposition, dont le parti membre de l’IS, la CDPA, demande : (a) le retour à la Constitution de 1992 adoptée par référendum avec plus de 97% des voix et ignorée par le régime, perpétuant son maintien au pouvoir en dépit de la volonté exprimée dans les urnes de limiter le nombre de mandats à la tête du gouvernement du pays ; (b) une mise à jour honnête des listes électorales ; (c) le rétablissement des institutions de la République confisquées il y a cinquante ans au profit de la famille gouvernante ; et (d) la libération de tous les prisonniers politiques et de toutes les personnes détenues lors des manifestations qui se sont déroulées depuis le 19 août 2017.

 

Nous constatons avec regret et consternation, le refus obstiné du gouvernement du Togo d’accéder aux demandes légitimes du peuple et nous condamnons l’utilisation disproportionnée de la force par le régime illégitime visant à étouffer ses aspirations. En outre, nous réaffirmons que l’alternance démocratique est un droit naturel dont le peuple togolais ne saurait être privé indéfiniment et nous lançons un appel à nos membres à se mobiliser en faveur du peuple togolais dans leur pays respectif.

 

En ce qui trait au Sahara Occidental :
 

  1. Nous exprimons notre soutien au Secrétaire général des Nations Unies et à son nouvel envoyé spécial dans leurs efforts pour dégager une solution politique, pacifique, juste et durable, et mutuellement acceptable par les deux parties au conflit, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.

 

Quant à l’évolution dramatique et inquiétante de la crise qui touche la population anglophone au Cameroun :  

 

  1. Nous déplorons des pertes de vies humaines, tant au sein de la population civile que dans les rangs des forces de défense et de sécurité. Nous exhortons le président Biya à ouvrir de toute urgence un dialogue franc et sincère avec les différents acteurs crédibles de la société camerounaise, en vue d’éviter la radicalisation de la population dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest qui profite aux sécessionnistes et autres opportunistes. Nous encourageons le Front social-démocratique (SDF) dans sa quête d’une solution durable à cette crise par la voie du dialogue à tous les niveaux et sous toutes ses formes.

 

En ce qui trait aux travaux pour la paix sur le continent africain :
 

  1. Nous réaffirmons notre plein engagement et notre appui aux chefs d’État et leaders des partis de l’IS sur le continent africain, comme au Mali et au Niger, ou au Burkina Faso qui, aujourd’hui, se mobilisent pour garantir la paix, enrayer la terreur et promouvoir un environnement sécuritaire pour tous leurs citoyens. De même, nous souhaitons faire mention de notre solidarité envers tous les peuples et toutes les nations d’Afrique qui souffrent des effets de la terreur et des conséquences de conflits douloureux qui frappent les nations du continent du Nigeria et du Soudan du Sud à la Somalie.

 

Notre reconnaissance au MPLA et à nos camarades en Angola :

 

  1. Enfin, nous souhaitons faire part de nos profonds remerciements pour la fraternité et l’hospitalité que nous ont témoignées nos camarades du MPLA tout au long de nos travaux à Luanda.

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