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Athènes
30 juin-02 juillet 2008

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Congrès

XXIII Congrès de l’Internationale Socialiste, Athènes
Solidarité mondiale : Le courage de faire la différence

30 juin-02 juillet 2008

 

LA CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE

Une évaluation sociale-démocrate 
 
Original : anglais
 
1.
 

L’Internationale Socialiste est convaincue que la crise alimentaire mondiale constitue l’une des plus grandes menaces à la paix et à la sécurité dans le monde, en particulier dans les pays en développement les plus vulnérables, et recommande que soit minutieusement reconsidéré les façons dont le système agricole mondial opère actuellement.

 
 
2.
 

Depuis la fin de l’an passé, des émeutes, des protestations et des manifestations ont eu lieu dans au moins trois douzaines de pays – de l’Asie à l’Afrique, à l’Amérique latine et aux Caraïbes – contre les manques de nourriture qui se sont propagés rapidement et l’augmentation mondiale des prix qui a poussé le coût des denrées alimentaires à leur niveaux le plus élevé depuis des décennies.

 

Pour approximativement un milliard de personnes vivant au bord de la survie avec moins de 1US$ par jour et les 2.6 milliards de personnes – quarante pour cent de la population mondiale – vivant avec moins de 2US$ par jour selon le Programme de développement des Nations Unies, l’augmentation sévère des prix, en particulier des denrées de base telles que le riz, le maïs et blé, représente une calamité.

 

Le bouleversement touchant les réserves alimentaires mondiales non seulement approfondit la pauvreté et aussi sape la stabilité dans les pays et régions où les pressions économiques et sociales sont sévères, mais s’ajoute aussi à une série de facteurs poussant un vaste nombre de personnes à migrer des zones rurales aux zones urbaines et du Sud vers le Nord, à un moment où la xénophobie est déjà en augmentation et que des lois anti-immigrantes de plus en plus dures sont mises en place dans les pays en développement.

 
 
3.
 

La crise alimentaire provient de l’augmentation des prix de l’énergie, de la régulation minimale des marchés agricoles, de la spéculation financière, de la demande croissante des économies émergentes, des conflits armés dans certains pays et de l’augmentation de la production des biocarburants souvent lourdement subventionnée.

 

La crise est rendue plus complexe par des conditions climatiques extrêmes en raison du changement climatique, y compris une sécheresse en Australie, l’un des plus importants pays producteurs agricoles où les récoltes de blé et de riz ont été dévastées, et des tempêtes de plus en plus violentes telles que celles qui ont infligé des dégâts massifs en Amérique centrale et dans des parties d’Asie ainsi que dans d’autres régions du monde ces dernières années.

 

Selon certaines études scientifiques, le changement climatique – en particulier la façon dont il affecte négativement les ressources en eau nécessaires pour la culture des récoltes – menace de réduire la production alimentaire de moitié dans certaines régions du monde dans un peu moins d’une décennie.

 

Parallèlement, les deux domaines d’entreprise globale qui utilisent la quantité d’eau la plus importante, la production de l’énergie à partir des matières premières et l’agriculture industrielle qui utilise des produits chimiques de façon intensive, sont parmi les principaux contributeurs au réchauffement de la planète.

 
 
4.
 

Les pires effets des politiques actuelles ont été de négliger et de saper l’agriculture nationale dans les pays en développement. Le changement durant les dernières décennies, passant de la production nationale à l’importation des principaux grains et d’aliments traités énormément subventionnés par les gouvernements du monde développé, a obligé les petits fermiers à fermer boutique pratiquement partout.

 

De plus, du fait de la réduction des budgets en matière de recherche et de développement agricole par les gouvernements et agences internationales, les systèmes agricoles nationaux ne sont plus en mesure de répondre à la demande croissante d’aujourd’hui pour une production plus importante.

 

Ceci est évident en ce qui concerne les manques croissants en ce qui concerne les  principaux grains dans le monde en développement, où le nombre réduit de fermiers, manquant de savoir faire et de technologie pour produire des rendements plus élevés, sont simplement incapables de nourrir les populations croissantes qui ne peuvent plus payer des prix de plus en plus gonflés à l’importation. 

 
 
5.
 

L’Internationale Socialiste est convaincue que la crise alimentaire aurait pu être évitée et qu’elle peut être surmontée en redirigeant les conceptions, les approches et les politiques.

 

Obtenir la sécurité alimentaire dans le monde en développement requiert avant tout une réponse multilatérale coordonnée au niveau régional et mondial, sur la base du besoin mutuel et d’une coopération à longue portée plutôt que d’une compétition débilitante et à courte vue entre les nations.

 

Cet effort requiert un sentiment de solidarité renouvelé – dans ce cas en plaçant les valeurs humaines avant les valeurs de l’échange – et qui devrait se concentrer sur la revitalisation des productions nationales et s’appuyer sur des denrées alimentaires plus traditionnelles, soutenue de façon substantielle par des niveaux plus élevés d’investissements publics en matière de développent et de technologies agricoles.

 

L’Internationale reconnaît le rôle important des femmes dans la production domestique et la distribution des récoltes alimentaires dans le monde en développement, en particulier en Afrique, et souligne le besoin d’améliorer leur niveau d’éducation et les opportunités économiques afin qu’elles puissent participer pleinement au développement de nouvelles politiques agricoles.

 

La production des biocarburants devrait être réorganisée et régulée afin qu’elle ne sape pas la production et la distribution des aliments de base.

 

Au niveau international, il devrait y avoir une réorientation et un renforcement des programmes de soutien à la production agricole et à la distribution des denrées de la part des nations de l’OCDE, des agences internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ainsi que des institutions régionales y compris la Banque interaméricaine de développement et la Banque asiatique de développement. Il faudrait en particulier mettre l’accent sur l’augmentation des budgets des centres de recherche agricole qui sont vitaux, des prêts et des ressources pour aider les fermiers dans les pays en développement à adopter des méthodes améliorées dans leurs champs.

 

En ce qui concerne les pays les plus immédiatement touchés par les désastres naturels et ceux provoqués par les hommes, ou qui d’une façon ou d’une autre sont menacés par la famine, des plans d’urgence de distribution de denrées alimentaires, en particulier par les Nations Unies, devraient être modernisés et améliorés en terme de ressources humaines et financières.

 
 
6.
 

La crise alimentaire est un exemple montrant non seulement que les marchés à eux seuls ne peuvent pas fournir de solution, mais aussi comment les marchés, lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes, peuvent empirer les problèmes qui ont besoin d’être résolus.

 

Durant les années 1960 et 1970, l’Asie s’est embarquée dans une Révolution verte qui, en joignant les forces des pays pauvres et des nations plus riches ainsi que des politiques gouvernementales pratiques et des investissements publics dans la science alimentaire, ont provoqué une augmentation substantielle de la productivité agricole et ont permis de réduire de façon significative les risques de famine.

 

L’économie mondiale a largement évolué depuis, mais la volonté politique et la détermination des politiques agricoles peuvent toujours être reformulées d’une façon coordonnée au niveau national, régional et mondial, pour réduire la crise alimentaire d’aujourd’hui et pour réaliser des progrès substantiels pour réduire en général la faim dans le monde.