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Congrès

XXe Congrès de l'Internationale Socialiste, New York

09-11 septembre 1996


FAIRE LA PAIX, MAINTENIR LA PAIX


Introduction

La paix, la liberté, la justice et la solidarité ont toujours été les valeurs et objectifs centraux du mouvement socialiste.

L'Internationale Socialiste est fière de sa tradition de travail incessant et fructueux pour la paix et la sécurité.

Tout au long de la Guerre Froide, l'IS, fidèle à ses principes, maintint le dialogue avec les principaux pouvoirs et demanda constamment le désarmement nucléaire, la diminution radicale des armes nucléaires, la non-prolifération, l'interdiction des essais, des mesures de renforcement de la confiance, ainsi que l'esprit d'ouverture et la transparence, la solution des crises régionales, la sécurité commune, la diplomatie préventive, la sécurité et la coopération pour la paix. Grâce à cette stratégie, qui inspira également les partis membres, l'IS a contribué à mettre fin à la Guerre Froide.

La Guerre Froide est maintenant terminée, la course à l'armement et la menace d'un conflit nucléaire qui y étaient associées semblent avoir disparu mais les expériences depuis la fin de la Guerre Froide n'ont pas toujours été positives. Des négociations ont apporté des solutions paisibles à de nombreux conflits régionaux mais de nouvelles crises et de nouveaux conflits armés ont éclaté ailleurs. De grands progrès ont été faits dans le domaine du désarmement mais d'énormes stocks d'armes de destruction massive et d'armes conventionnelles continuent d'exister et le monde continue de gaspiller ses maigres ressources dans des dépenses militaires excessives.

Les actions soutenues pour la paix, la sécurité et le désarmement doivent donc se poursuivre, même si la Guerre Froide est terminée. L'Internationale Socialiste (et ses comités régionaux et spécialisés) explorera de nouvelles manières et de nouveaux moyens de jouer un rôle constructif dans cette nouvelle situation. Nous réaffirmons notre conviction comme quoi la fin de la Guerre Froide a créé les conditions nécessaires pour l'apparition d'un ordre mondial juste et paisible. Un tel ordre international doit avoir comme fondations des principes comme la démocratie, les droits de la personne humaine et la loi.

Un ordre mondial paisible doit également remettre en avant l'engagement de la Charte de l'ONU pour maintenir la paix et la sécurité internationales "avec la plus faible utilisation possible des ressources humaines et économiques du monde pour l'achats d'armes".

Ces changements ne se produisent pas d'eux-mêmes. Il faut faire des efforts incessants pour changer le monde conformément à nos idéaux et objectifs, au niveau mondial comme au niveau régional. Les concepts de sécurité commune, coopérative et complète forment des directives de base et de grandes directions pour ces efforts. L'Internationale Socialiste réaffirme sa demande à tous les gouvernements, mouvements sociaux et individus de travailler ensemble pour un ordre mondial juste et paisible.
 

Vers une sécurité coopérative

Une modification fondamentale s'est produite au cours des dix dernières années. Le système international strictement bipolarisé et l'antagonisme idéologique entre les deux blocs a été remplacé par un ordre mondial plus coopératif.

L'évolution du système international continue et on en ressent l'impact à l'est, à l'ouest, au nord et au sud. Avec la disparition de la prévisibilité du système bipolaire, la situation actuelle est remplie d'incertitudes. L'héritage soviétique continue d'être un facteur qui affecte la politique de sécurité en Russie comme ailleurs.

L'ONU est et reste le plus grand forum pour la coopération en matière de sécurité. Le Conseil de Sécurité, qui est responsable de la paix et de la sécurité internationales, ne pourra pas, dans l'avenir prévisible, être remplacé par un autre système, mais on peut renforcer son rôle.

En plus du caractère international de ses membres, l'ONU s'occupe également de tous les aspects portant sur la sécurité, y compris diverses nouvelles menaces sur la sécurité comme les troubles politiques, la détresse sociale, la pauvreté, la dégradation de l'environnement, les troubles ethniques, les migrations non contrôlées, le terrorisme et la drogue. Les stratégies futures en matière de sécurité devraient avoir comme principe de base ce concept de sécurité complet.

Le programme global de l'ONU lui permet d'être utilisée de manière souple. Le développement et la paix vont de pair. Les inquiétudes quant à l'environnement dans le monde sont des inquiétudes pour la paix. Le progrès social est une condition essentielle du bien-être, de la stabilité et de la paix. Les conférences de l'ONU sur les grandes questions mondiales se concentrent sur les problèmes que tous les Etats doivent résoudre ensemble.

Le "Programme pour la Paix" du Secrétaire-Général de l'ONU contient des considérations importantes quant au rôle changeant de cette organisation.

L'an dernier, lorsque l'ONU fêta son cinquantenaire, on publia un autre rapport important. La Commission Carlsson soulignait un engagement fort envers la coopération mondiale au service de la paix et du progrès et rejetait les approches unilatérales des problèmes mondiaux.

Si la diplomatie préventive échoue et si les moyens traditionnels de maintien de la paix sont insuffisants, l'ONU peut faire appel à d'autres organismes pour ramener la paix. Il s'agit sans doute de la plus grande innovation récente dans ce domaine, qui est encore à l'essai en Bosnie.

Le concept du "chevauchement des institutions" fournit un rôle aux organisations régionales et même aux alliances militaires tout en laissant intact le rôle politique de prise de décisions du Conseil de Sécurité des Nations unies.

Les organisations nationales, agissant sur cette base de la charte de l'ONU, jouent un rôle complémentaire important. En Europe, l'Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a dépassé son rôle originel de forum de négociation Est-Ouest pour devenir un organisme international qui se concentre sur la diplomatie préventive et la gestion des conflits. L'OSCE a joué un rôle utile dans de nombreux conflits depuis la fin de la guerre froide, comme dans l'ancienne Yougoslavie, Nagorno-Karabakh et en Tchétchénie.

On est en train de mettre au point des formes de coopération entre des organismes régionaux comme l'Union europénne (UE), l'Union européenne occidentale (UEO), le Conseil de l'Europe, l'OSCE et l'OTAN afin de diviser le travail de manière intelligente entre elles dans l'architecture de sécurité émergente en Europe.


Vers un système de sécurité de l'ONU plus efficace

Depuis 1945, le monde a souffert de plus de cent conflits armés graves. Le rôle de l'ONU dans la gestion des crises s'est énormément développé depuis la fin de la Guerre Froide. Entre 1988 et 1995, l'ONU a lancé vingt-trois opérations de maintien de la paix par rapport à treize entre 1948 et 1988.

Le Conseil de l'IS, à sa réunion à Tokyo en mai 1994, approuva le rapport du groupe de travail spécial du SIPSAD sur la réforme de l'ONU. A cette occasion, tout en reconnaissant les contraintes que représentent actuellement les procédures, capacités opérationnelles et ressources dans le rôle de l'ONU pour le maintien de la paix, nous avons souligné qu'il était nécessaire de conserver la notion comme quoi l'ONU est le seul organisme légitime lorsque l'on doit adopter des mesures pour introduire et maintenir la paix au nom de la communauté internationale.

L'Internationale Socialiste conserve son engagement envers ces principes et exige une extension supplémentaire des besoins et ressources à la disposition du Secrétaire-Général de l'ONU. Nous voulons également exprimer notre satisfaction quant au progrès du "Programme pour la paix" du Secrétaire-Général, dont les efforts pour créer une nouvelle structure conceptuelle afin de répondre aux nouveaux défis se situant en deçà du domaine d'activité du maintien traditionnel de la paix devront être soutenus par les nations membres.

La prévention des conflits semble être un domaine dans lequel l'ONU devrait élargir son rôle, soit par le biais de la diplomatie préventive soit par un déploiement préventif des forces de l'ONU durant les premières étapes d'une crise. Pour cela, il faudra renforcer l'autorité du Secrétaire-Général, accélérer les procédures de prise de décisions et permettre aux forces de secours de se déployer de manière précoce. La prévention des conflits est le moyen le plus approprié d'éviter le développement des crises, ce qui évite des morts et économise d'énormes efforts et ressources. La réussite de la prévention des conflits et de la gestion des crises réduit également les risques et l'amplitude de tout recours potentiel à la force.

La coopération régionale dans le domaine de la sécurité a augmenté depuis quelques années. La possibilité d'action des organisations régionales dans leur domaine de responsabilité doit être encouragée et facilitée. Les expériences en Europe et, plus récemment, en Afrique, devraient permettre une action plus efficace dans la prévention des conflits et dans leur gestion lorsque le Conseil de Sécurité de l'ONU ne peut pas garantir la disponibilité des moyens requis.

L'ONU ne peut pas agir aujourd'hui en tant que gendarme du monde mais cela ne doit pas entrer en contradiction avec le fait qu'il est nécessaire de définir aussi clairement que possible les critères selon lesquels le Conseil de Sécurité, au nom de la communauté internationale dans son ensemble, prend la décision d'intervenir ou non dans un conflit.

Dans le monde d'aujourd'hui, le rôle de l'ONU dans le maintien de la paix ne peut pas être limité aux opérations de paix. L'impact des facteurs non-militaires sur la sécurité mondiale et régionale souligne qu'il est nécessaire que l'ONU possède une meilleure capacité de contribuer de manière efficace à leur évaluation et à leur résolution. Les déséquilibres économiques et la pauvreté, les manques de nourriture et d'eau, les divisions culturelles sont autant de causes de nombreux conflits existants et potentiels. La coopération entre agences et avec les ONGs ainsi que l'interaction avec les populations affectées comptent parmi les exigences du maintien de la paix dans l'avenir. Cette coopération semble également être une condition préalable dans les cas où la paix a été établie mais doit être consolidée. Ces nouveaux défis exigeront une plus grande démocratisation et une plus grande transparence dans les décisions du Conseil de Sécurité et une plus grande collaboration avec l'Assemblée Générale, dont le rôle devrait être renforcé.


Vers une meilleure sécurité régionale

Un aspect majeur des développements actuels au niveau de la sécurité est la coopération renforcée entre l'ONU et les organisations régionales sur les questions de paix et de sécurité dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte de l'ONU. Bien que cette opportunité ait toujours été présente dans la Charte, c'est seulement depuis le début de notre décennie qu'on a commencé à lui accorder une plus grande importance et qu'on l'a utilisée plus fréquemment. La coopération couvre le soutien diplomatique, la consultation, la division du travail nécessaire au déploiement ou aux opérations communes. On a déjà accumulé des expériences positives dans de nombreuses zones de crise en Europe, en Afrique et en Amérique Centrale.

Les contributions de l'Association des nations de l'Asie Sud-Est (ASEAN) au Cambodge, l'OEA et le groupe Contadora en Amérique Centrale, l'Union européenne, l'OSCE, l'OTAN et l'UEO dans l'ancienne Yougoslavie, ont indiquées de grandes possibilités.

Le lien entre l'ONU et la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe fut officiellement établi au début des années 90, même si bien entendu l'approche régionale en Europe existe depuis un quart de siècle. L'Europe est également au centre des activités de l'IS depuis longtemps, ce qui est normal car l'Europe était très profondément divisée par la Guerre Froide car l'Europe était la scène principale de confrontation militaire, les deux alliances militaires opposées s'y trouvant confrontées.
Dans ce contexte historique, on pourrait dire que, tout particulièrement en Europe, on a ressenti la fin de la Guerre Froide de manière dramatique et que c'est dans cette région que le défi et la nécessité de mettre en place des arrangements de sécurité coopératifs pour surmonter la division de la Guerre Froide sont les plus urgents. Ce besoin a été reconnu par tous les gouvernements européens.

L'histoire de la CSCE et maintenant les institutions et procédures de l'OSCE constituent les fondations de tels arrangements de sécurité européens aussi larges. Des expériences fructueuses dans le renforcement de la confiance et de la coopération ainsi que les mécanismes mis au point pour la prévention des crises, la promotion de la démocratie et des droits des minorités définissent la direction des efforts suivants.

Pourtant, l'OSCE aujourd'hui reste une organisation trop faible pour pouvoir s'attaquer seule aux crises politiques ou militaires graves. Les efforts actuels en Europe tournent autour de l'identification de rôles adéquats pour les divers organismes internationaux et de la définition des meilleures formes de coopération possibles entre elles. L'Union européenne, l'Union européenne occidentale, le Conseil de l'Europe, la Communauté des Etats indépendants (CIS), l'OTAN et l'ONU explorent tous leur contribution potentielle à l'architecture de sécurité européenne. Le Conseil pour la coopération dans l'Atlantique du nord (NACC), L'Association pour la Paix ainsi que la mission pour le maintien de la paix en Bosnie (IFOR) sont autant d'exemples de ces nouvelles formes de coopération au niveau de la sécurité: d'anciens adversaires et des Etats neutres agissent ensemble pour bâtir une Europe nouvelle et plus sûre.

Dans les conditions qui existent depuis la fin de la Guerre Froide, les difficultés les plus probables se situent dans le domaine de la gestion des crises et du maintien de la paix. Les discussions et négociations européennes - de l'OTAN, de l'UE ou de l'UEO - se concentreront donc sur ces questions. L'opération IFOR donne un exemple potentiel de la mise en place d'une structure pour les éléments civils et militaires des nouvelles opérations de maintien de la paix. Une telle approche complète du maintien de la paix a déjà porté ses fruits dans des opérations de l'ONU comme en Namibie, en Amérique Centrale ou au Cambodge.

L'Internationale Socialiste a mentionné à plusieurs reprises la possibilité d'exploiter l'expérience européenne dans d'autres régions de conflit. Bien qu'il ne soit pas possible de reproduire de telles expériences ailleurs (car chaque crise et chaque conflit possède des caractéristiques uniques) certains aspects centraux de l'approche adoptée par le CSCE semblent être valables comme l'inclusion de toutes les parties appropriées dans les négociations, l'adoption d'un programme de sécurité complet et le fait de faire démarrer les choses si nécessaire, même si les résultats sont modestes au départ.

La validité d'une telle thèse a été soulignée par les récentes expériences similaires dans de nombreuses régions ayant souffert de conflits comme l'Amérique centrale, l'Afrique du Sud, le Moyen-Orient et l'Asie. Il est nécessaire d'avoir le capital créé par le renforcement de la confiance pour surmonter des hostilités longues et pour assurer à tous les avantages de la paix.
 

Vers le désarmement nucléaire

La non-prolifération des armes nucléaires

L'Internationale Socialiste reste engagée à atteindre le véritable objectif de la non-prolifération des armes nucléaires: le désarmement nucléaire généralisé. Avec l'extension indéfinie du Traité de non-prolifération (TNP) en 1995 et au vu du Traité d'Interdiction complète des essais (CTBT), la communauté internationale devrait reformuler ses priorités. L'Internationale Socialiste poursuivra ses efforts pour amoindrir le rôle des armes nucléaires, dans l'objectif ultime d'avoir un monde sans armes nucléaires.

La non-prolifération va bien plus loin que la simple définition du programme de désarmement nucléaire ou l'amélioritation du TNP. Il faut analyser les perceptions et motifs politiques et/ou régionaux concernant la sécurité afin de conserver un arsenal nucléaire ou d'en développer un. Il doit devenir clair qu'il n'existe aucun besoin stratégique crédible et aucune logique dans l'existence d'armes nucléaires dans un monde où les risques de conflits globaux sont énormément réduits et qui ne possède pas de blocs militaires antagonistes. Avec tous les moyens dont nous disposons, nous devons nous attaquer aux tensions qui existent dans certaines régions et qui poussent les Etats à devenir nucléaires. Nous devons également à tout prix soutenir des initiatives cohérentes afin de favoriser l'établissement de mesures visant à renforcer la sécurité et la confiance et la signature d'accords de désarmement etc., tout en soulignant notre soutien mondial à l'élimination de la présence et de la menace de toutes les armes de destruction massive.

Tous les Etats devraient adhérer strictement à la Résolution sur les Principes et objectifs de la non-prolifération et du Désarmement nucléaire signée par la Conférence d'Evaluation et d'Extension du TNP. Un certain nombre de pays ont pris des mesures importantes pour renoncer à leur désir d'acquérir des armes nucléaires. L'Afrique du Sud a démantelé ses installations de fabrication d'armes nucléaires. L'Argentine et le Chili ont rejoint le TNP, et l'Argentine, le Brésil et le Chili ont signé en totalité le Traité de Tlatelolco. La France a entamé les procédures de signature du Traité de Rarotonga. Grâce à la Zone sans armes nucléaires établie en 1996 en Afrique, la quasi-totalité de l'hémisphère sud constitue aujourd'hui une zone sans armes nucléaires.

Une nouvelle ère de coopération entre Etats équipés d'armes nucléaires a permis de passer des accords sur la réduction tangible des stocks nucléaires et sur l'élimination de classes entières d'armes nucléaires. Les armes nucléaires ont été entièrement retirées de nombreux pays dans lesquels elles avaient été déployées durant la Guerre Froide.

L'Internationale Socialiste est opposée au déploiement des armes nucléaires et des systèmes de livraison s'y rapportant dans les nouveaux Etats membres en cas d'élargissement de l'OTAN. Cela serait en effet contraire à l'esprit du TNP.

Les principales inquiétudes des années à venir sont les énormes stocks des pays possédant des armes nucléaires, le refus de certains pays limitrophes de renoncer à l'option nucléaire et le risque de voir les techniques et les matériaux nécessaires se retrouver entre les mains d'Etats ou de groupes se trouvant au-delà du contrôle international.

Dans ces circonstances, l'existence d'importants arsenaux nucléaires continue de présenter le risque de leur utilisation et les dégâts très importants que cela provoquerait au niveau des populations et de l'environnement. La situation créée par la disparition de l'URSS a fait apparaître de nouveaux dangers dans le domaine nucléaire, qui sont tout aussi importants.

Le premier de ces dangers est le fait que les nouveaux Etats peuvent avoir accès aux armements nucléaires. Le second est la possibilité que des terroristes indépendants ou des mafias s'approprient des matériaux capables de produire des bombes, soit en les achetant, soit au moyen d'un trafic ou simplement en les volant. C'est pourquoi les actions visant à débarrasser la planète du risque nucléaire doivent être prises simultanément dans quatre domaines:

1. réduction des arsenaux existants - le Traité START II doit être ratifié par le Duma russe mais il faut commencer sans attendre la négociation d'une nouvelle étape qui pourrait prendre la forme d'un Traité START III;

2. renforcement de la non-prolifération et de l'interdiction des essais - il est essentiel que le TNP soit signé par tous les Etats du monde et que le Traité d'Interdiction complète des essais soit signé rapidement sur la base de l'option zéro;

3. interdiction de produire des matériaux nucléaires à usage militaire ou pouvant être utilisé à des fins terroristes. Les négociations du traité d'arrêt doivent être lancées dès que possible dans des conditions qui ne légitimeraient pas les arsenaux des Etats limitrophes;

4. extension des pouvoirs de contrôle de l'Agence internationale de l'Energie atomique. Il s'agit d'une condition importante de la mise en oeuvre de la politique de contrôle des matériaux nucléaires, sans laquelle toute politique anti-prolifération échouera.

Le commerce du plutonium et de l'uranium enrichi, pour des raisons économiques, scientifiques ou autres devrait être placé sous strict contrôle international. De la même manière, l'AIEA doit être autorisée à surveiller l'évolution des niveaux de radioactivité de toutes les installations nucléaires aujourd'hui fermées ou des sites d'essais et à suivre toutes les activités non déclarées pouvant déboucher sur la production d'armes nucléaires.

Un registre des armes nucléaires devrait être mis en place aux Nations unies. L'inscription des arsenaux existants d'armes nucléaires renforcera la confiance des pays non-nucléaires et la volonté des pays nucléaires de se désarmer. Cela renforcera donc la volonté d'adhésion à la politique de non-prolifération.

L'Internationale Socialiste recommande fortement à tous les gouvernements qui s'inspirent des principes de l'IS de poursuivre la lutte juridique et politique selon ces quatre lignes directrices.

Les négociations sur un traité pour un monde sans armes nucléaires doivent démarrer immédiatement durant la Conférence sur le Désarmement.

Les Essais Nucléaires

L'Internationale Socialiste a toujours insisté sur le fait que la fin définitive des essais nucléaires est un moyen efficace et indispensable de faire de véritables progrès dans le désarmement nucléaire. Ces efforts doivent se poursuivre jusqu'à la signature du CTBT et sa ratification par tous les Etats appropriés.

Il n'existe aucune justification technique pour la continuation des essais nucléaires. Les études scientifiques ont montré qu'il est nécessaire de réaliser un très petit nombre de tests pour assurer la sécurité de certains types d'armes nucléaires mais que, dans tous les cas, aucun essai ne sera nécessaire après 1996. La France et la Chine, après deux nouveaux essais en 1996, ont enfin arrêté leurs essais et se sont jointes au moratoire des Etats-Unis, de la Russie et du Royaume-Uni. Bien que l'abandon par la Chine du concept d'explosions nucléaires soi-disant paisibles, toute condition rattachée à cette décision est déplacée.

L'Internationale Socialiste n'a jamais cessé de soutenir la conclusion du CTBT en 1996. Par conséquent nous saluons la résolution votée par l'Assemblée Générale des Nations unies, le 10 septembre 1996, qui adopte le texte du CTBT. Le but immédiat est d'assurer que tous les Etats signent le CTBT et que ce traité entre en vigeur le plus tôt possible. Lorsque le Traité entrera en vigueur, il deviendra une pierre angulaire du désarmement nucléaire, avec le TNP, le système de protection de l'AIEA et les accords entre les Etats dotés d'armes nucléaires.

L'objectif ultime, cependant, doit rester l'élimination de toutes les armes nucléaires.

A cet égard l'IS salue les recommandations faites lors de la Commission Canberra sur l'Elimination d'Armements Nucléaires qui vient de terminer son travail.
 

Vers le contrôle des armes conventionnelles

Depuis cinquante ans, les efforts de la communauté internationale dans le domaine du désarmement ont porté principalement sur la promotion du désarmement nucléaire et sur l'interdiction d'autres moyens de destruction de masse. Cette insistance est justifiée car l'avenir de l'humanité a longtemps été mis en danger tout spécialement par ces armes-là. Cette tâche n'est pas encore terminée et il faut faire de nouveaux efforts pour accélérer le désarmement nucléaire par tous les moyens, la ratification et la mise en oeuvre de cette convention interdisant l'utilisation des armes chimiques et d'autres mesures pour abolir de manière effective les armes biologiques partout dans le monde.

Néanmoins, il est plus impératif que jamais de prendre des mesures pour diminuer également le nombre d'armes conventionnelles. Il s'agit des armes utilisées dans la plupart des guerres actuelles. Elles constituent les arsenaux de la plupart des armées et elles représentent la plus grande part des dépenses militaires dans le monde.

En fait, le concept des armes conventionnelles est trompeur car de nombreuses armes dans cette catégorie peuvent provoquer des dégâts comparables à ceux provoqués par des armes de destruction de masse.

Le Traité sur les forces armées conventionelles en Europe (CFE) est le traité possédant la plus grande portée dans le domaine des armes conventionnelles et c'est un exemple encourageant à bien des égards. Bien qu'il ait été négocié durant les dernières phases de la Guerre Froide en Europe, il continue de démontrer comment des conditions politiques favorables et des mesures de contrôle des armes peuvent se soutenir mutuellement et accélérer les développements positifs. Le fait que tous les signataires de ce traité sont prêts à adapter ses stipulations aux réalités du monde depuis la fin de la Guerre Froide le rendent adapté au monde d'aujourd'hui. L'Internationale Socialiste demande la stricte application de ce traité. Nous soulignons la nécessité de réduire le nombre de forces et d'armes dans les régions où elles semblent avoir temporairement augmenté et la nécessité d'encourager toutes les parties à explorer des moyens de réduire encore les armes lourdes conventionnelles. Il semblerait utile que l'OSCE entame un processus de révision auquel tous les Etats concernés pourraient participer.

Un autre développement positif depuis quelques années est l'ouverture et la transparence croissante des transferts d'armes. Le Registre des Armes Conventionnelles de l'ONU est un document extrêmement précieux à cet égard et doit être développé. L'ouverture quant aux questions portant sur les transferts d'armes est un ingrédient nécessaire du renforcement de la confiance, ingrédient essentiel pour tout processus de paix.

L'une des conséquences de la fin de la Guerre Froide et de la résolution de nombreux conflits régionaux de longue date est que le volume du commerce international des armes a beaucoup diminué. Ce développement positif peut être soutenu par des contraintes unilatérales, par des accords entre les grands fournisseurs d'armes ainsi que par la compréhension des importateurs d'armes au niveau régional.

Récemment, on a plus prêté attention - en particulier au niveau régional, surtout en Afrique - au soi-disant "micro-désarmement", c'est-à-dire aux mesures prises pour détruire les armes légères stockées dans certaines zones de conflit. Une telle approche peut aider considérablement la résolution des conflits régionaux et doit donc être développée par l'ONU en collaboration avec les organisations régionales.
Une solution equilibrée et effective au problème de l'utilisation sans discrimination des mines de terre, qui entraîne blessures et pertes de vie humaine aux populations civiles, doit être trouvée.

Comme les armes conventionnelles représentent la plus grande part des dépenses militaires mondiales, leur réduction est un facteur-clé dans le rapprochement vers l'objectif établi par la Charte de l'ONU, qui est de maintenir la paix et la sécurité internationale "avec la moindre utilisation possible des ressources humaines et économiques du monde pour les armes". Bien que la transition entre les niveaux de dépense de l'époque de la Guerre Froide et cet objectif légitime implique de grandes transformations à tous les niveaux, l'Internationale Socialiste encourage tous les Etats à réaffirmer leur engagement envers cet objectif. La transformation au niveau du globe, des nations et de la société permettra de libérer d'énormes ressources qui pourront être utilisées à des fins constructives dans les pays en développement comme dans les pays industrialisés.


Le rôle de l'IS dans la prévention des conflits

Comme les actions préventives deviennent de plus en plus importantes depuis la fin de la Guerre Froide, la diplomatie préventive mais également les organisations non-gouvernementales auront un rôle de plus en plus important à jouer.

L'Internationale Socialiste a accumulé une précieuse expérience du dialogue entre les grands pouvoirs ainsi que les autres parties des conflits et dans de nouvelles conditions, plus favorables, son rôle dans la prévention des conflits devrait être exploré de manière plus approfondie.

A cet égard, l'Internationale Socialiste recommande aux partis membres de faire un effort commun dans le domaine de la prévention des conflits, de l'analyse des risques et de la médiation.

1. Le rôle des partis dans la prévention des conflits

1.1 Aujourd'hui, la sécurité exige une approche globale des problèmes. Dans la prévention des conflits, il convient de prendre en compte les aspects politiques, économiques et sociaux des crises. Le respect des droits de la personne humaine et les règles démocratiques dans la perspective du développement facilitent la prévention des conflits. Les partis membres de l'IS ont la vocation d'oeuvrer en direction de la prévention efficace des conflits.

1.2 Les partis ont un rôle de sensibilisation et d'éducation auprès de l'opinion publique. La méthode de diplomatie préventive exige la participation des personnes concernées et de l'opinion publique internationale. Aujourd'hui, tous les conflits armés touchent les populations civiles, qui sont les principales victimes des guerres modernes. Les actions préventives peuvent uniquement être utilisées dans un climat politique convaincu de leur nécessité et de la protection d'une culture de paix, qui doit être l'objectif principal des partis membres de l'IS.

1.3 Que nos partis se trouvent au gouvernement ou dans l'opposition, ils ont l'obligation de s'unir dans leurs efforts au sein d'organismes internationaux et régionaux. Sous leur impulsion, les Etats peuvent préférer une politique de prévention qui prend à long terme des mesures qui évitent les crises avant qu'elles éclatent ou qui les empêchent de réapparaître.

 

2. Le rôle de l'IS dans l'analyse des risques de conflit

2.1 L'Internationale Socialiste, avec ses comités régionaux et spécialisés, pourrait être utilisée pour des efforts centralisés et l'échange d'informations.

SIPSAD et les comités régionaux pourraient s'occuper de ces questions de manière plus souple et plus rapide que les organismes internationaux.

2.2 Suite à l'exemple du centre de prévention des conflits du Parlement européen, on pourrait organiser les expertises régionales dans la prévention des conflits. Leur tâche principale serait d'identifier des indicateurs de crise (tensions sociales, difficultés économiques, désintégration des structures du gouvernement) et d'analyser leurs différentes formes.

2.3 L'IS pourrait ainsi être prête à donner une alerte précoce et à la transmettre aux organismes internationaux compétents.

3. Le rôle des partis membres de l'IS dans la médiation

3.1 Les partis de l'IS devraient pouvoir éviter les accusations d'ingérence dans les affaires internes d'un état. Le soutien offert en premier lieu peut fournir aux partis concernés des moyens plus efficaces d'agir dans leur propre pays.

3.2 La diplomatie peut avancer lorsque l'on étudie et régule les différends au moyen du dialogue politique, qui canalise les tensions et aide les parties à trouver, ensemble, des solutions paisibles.

3.3 Ainsi, la médiation qui permet d'avoir un rapprochement des parties d'un conflit peut devenir une tâche principale du Conseil.

En particulier, nos partis peuvent contribuer à la réussite des efforts préventifs grâce à leur connaissance des situations locales et grâce à leur capacité à mettre en place une mission de bons offices relativement rapidement.

Grâce à cette "diplomatie des citoyens", la discrétion et la confidentialité, deux conditions essentielles de la diplomatie préventive, ont de meilleures chances d'exister et il est plus facile pour les parties concernées d'arriver à un compromis.

* * *

L'originalité des statuts de l'IS lui permet de trouver une place dans la diplomatie préventive. Son rôle doit être considéré comme parallèle et complémentaire aux activités des organismes internationaux.

L'IS permet d'avoir un dialogue politique, un point indispensable de réunions informelles si l'on recherche un rapprochement.