RESOLUTION GENERALE DU CONGRES
Introduction
Le XXe Congrès de l'Internationale Socialiste, qui se tient au siège des Nations unies, est consacré à relever les défis mondiaux d'aujourd'hui par une plus grande coopération. Depuis notre dernier Congrès, qui a eu lieu à Berlin il y a quatre ans, où nous avons entrepris de soutenir la révolution démocratique et de faire en sorte que ses avantages soient accordés à tous, il est clair qu'aujourd'hui plus que jamais, la réalisation de la paix, de la démocratie et du développement demandent un effort international.
Le monde évolue rapidement et devient de plus en plus interdépendant. Nous devons donc trouver de nouvelles manières de vivre qui soient durables sur le plan social, économique et environnemental, tant dans nos propres pays quà l'échelon mondial. C'est seulement en renforçant son sens de la responsabilité commune et de la solidarité que l'humanité pourra survivre et réaliser son potentiel.
Il est évident que pour atteindre le but d'une coopération internationale plus grande, il faut que les Nations unies jouent un rôle central. Depuis Berlin, l'Internationale Socialiste a donc intensifié son soutien des Nations unies et ses rapports avec elles. La convergence de notre Internationale et des Nations unies, qui repose sur les objectifs partagés de paix, de démocratie et de développement durable et sur des activités et efforts de coopération, rend encore plus approprié le fait que notre Congrès ait lieu à New York.
L'Internationale Socialiste, qui a des partis membres dans presque tous les pays, sur tous les continents, et des comités régionaux et thématiques actifs dans le monde entier, favorise une meilleure compréhension et une coopération plus grande entre les nations qui font face à des problèmes mondiaux communs. La vision de l'Internationale Socialiste et notre adhésion à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme orientent et donnent forme à notre action, comme en témoignent les sections de la résolution du Congrès qui font suite.
De plus, nos idéaux de liberté, justice et solidarité, qui ont placé l'Internationale Socialiste au premier rang dans le triomphe de l'idée de démocratie, sont plus cruciaux que jamais car ils relient tous les secteurs de sociétés de plus en plus complexes. La solidarité social-démocrate repose sur un engagement partagé aux principes fondamentaux réaffirmés et redéfinis au Congrès de Stockholm, en 1989. Elle tire sa force de la diversité, au sein des nations comme entre elles.
La démocratie telle que nous la définissons, avec des droits politiques, la justice sociale et l'égalité des opportunités économiques, est la seule forme de démocratie qui durera. S'il est vrai que les mécanismes du marché sont nécessaires pour la croissance économique et le développement, il est aussi vrai que l'économie de marché ne garantit pas la justice. Le socialisme démocratique reconnaît donc que l'Etat est le serviteur nécessaire du peuple en garantissant une société juste et équitable et qu'il constitue un agent crucial pour la démocratisation de l'évolution économique à une époque de mondialisation. La préservation des droits, et la réconciliation des droits des personnes avec les droits collectifs des travailleurs, des femmes, des jeunes, des groupes ethniques et des communautés autochtones, dépendent du partage de la responsabilité entre les gouvernements et les citoyens.
L'Internationale Socialiste reste une des voix principales à affirmer le lien entre le désarmement et le développement. Pour parvenir à une utilisation plus constructive et plus équitable des ressources mondiales, il faut réaliser la paix internationale. Les Nations unies doivent donc recevoir un soutien sans réserve dans leurs efforts pour résoudre les conflits régionaux et civils, pour promouvoir des réductions des armements nucléaires et conventionnels, y compris l'interdiction proposée concernant l'utilisation, la production et le stockage des mines terrestres, et pour négocier un traité interdisant à jamais les essais d'armes nucléaires.
Nous avons, en tant que socialistes démocratiques, confiance dans notre manière d'aborder les tâches urgentes qui nous attendent. Nos engagements, pris de longue date, en faveur de la liberté et des droits fondamentaux et de la justice, de la paix et du bien-être des humains, nous ont donné, par le passé, la force de surmonter les obstacles. Aujourd'hui, la promesse d'une démocratie durable et les aspirations de tous vers une vie meilleure dépendent d'une solidarité inébranlable et d'une coopération internationale plus grande entre les nations pour établir un système efficace de responsabilité et de sécurité mondiales. L'Internationale Socialiste, avec sa longue tradition de coopération et de solidarité internationale, et avec sa détermination et son initiative renouvelées, s'engage à rester au premier rang pour réaliser un monde plus sûr et plus démocratique.
AFRIQUE
I. Renforcer le processus démocratique
Compte-tenu du processus de démocratisation en cours sur le continent, et devant l'urgence de relever les multiples besoins de l'Afrique notamment celui de son propre développement, l'IS affirme son attachement, non seulement au respect des droits de la personne mais, plus spécialement pour le continent, à l'élargissement aux droits économiques et sociaux, bref au droit au développement - droit à l'éducation, à la santé, à l'emploi et au bien-être social.
L'IS prend acte et se réjouit des avancées démocratiques qui, aujourd'hui, modifient en profondeur le paysage politique et institutionnel en Afrique, sous la poussée des forces progressistes: partis politiques, syndicats, et société civile.
Ce phénomène de démocratisation, d'une grande signification historique, doit être apprécié à sa juste valeur. Les forces démocratiques africaines concernées et impliquées, doivent être appuyées et soutenues, faute de quoi, ce processus de démocratisation en cours risque d'être fragilisé, d'autant plus qu'il connaît, çà et là, des dérives ou des remises en cause inquiétantes.
L'IS s'engage à oeuvrer au renforcement de la culture démocratique, notamment en intensifiant son action d'observateur des processus électoraux et en soutenant les forces socialistes et social-démocrates, dans leur travail d'implantation, de formation et de restructuration.
Parmi ces forces, les mouvements des femmes doivent occuper une place centrale, à côté des mouvements des travailleurs et des jeunes.
Elle invite les forces politiques à accepter démocratiquement les résultats issus d'élections transparentes et régulières.
Le renforcement de la culture démocratique s'analyse ainsi, comme le meilleur garant, pour l'épanouissement de la démocratie en Afrique où il existe toujours des résistances inquiétantes à la démocratisation; celles-ci s'illustrant par des processus électoraux inéquitables et non transparents, par des coups d'Etats militaires, par la montée de courants extrémistes ou de dérives ethniques, autant de menaces remettant en cause des légalités constitutionnelles, démocratiquement établies.
L'IS constate que de telles dérives - régressions imposées par la force - veulent dire que les populations doivent lutter au jour le jour pour survivre. C'est pourquoi l'IS doit prêter une attention particulière pour les soutenir.
L'IS appelle, avec fermeté, à l'établissement de la démocratie dans les pays tels que le Nigéria, la Guinée Equatoriale et le Zaïre.
Il est urgent, plus que jamais, non seulement de renforcer les acquis démocratiques sur le plan institutionnel mais de promouvoir une réelle démocratie sociale et économique. Faute de quoi, la paix et la sécurité ne sauraient être garanties.
II. Paix et sécurité
Après avoir souligné, à nouveau, l'importance de la paix et de la sécurité pour le succès des actions de développement, l'IS exprime sa vive préoccupation, devant la persistance en Afrique de nombreux foyers de tension, comme par exemple au Rwanda, au Burundi, au Libéria et en Somalie.
A ce propos, l'IS se félicite des initiatives prises par les pays africains, pour éteindre ces foyers de tension et pour promouvoir la diplomatie préventive, à travers le mécanisme de prévention, de gestion et de réglement des conflits créé par l'OUA et conformément au droit international et aux résolutions des Nations unies.
Elle incite l'ensemble de la communauté internationale, à apporter tout son appui à ces efforts destinés au maintien de la paix en Afrique et, par cela, la préservation de la sécurité internationale.
Dans le même esprit, l'IS encourage les pays africains à continuer de promouvoir une politique de paix, en s'appuyant sur leur culture et permettant aux femmes de remplir leur rôle dans cet effort.
A cet égard, l'IS engage tous ses membres et, en particulier, les partis politiques africains, à assumer le rôle de premier plan qui leur revient.
III. Assurer le développement
L'Afrique est de plus en plus intégrée dans ce que l'on appelle la logique de globalisation, marquée par une montée sans précédent de l'ultra-libéralisme et un rôle de plus en plus important joué par les institutions financières internationales, surtout après la disloquation du bloc communiste.
La mise en oeuvre de ces forces, dans un contexte économique mondial bouleversé, est en train de modifier en profondeur les structures économiques et sociales des pays africains.
Ces nouvelles structures ainsi imposées par les impératifs de la libéralisation et par les institutions de Bretton Woods, ont pour conséquence, l'approfondissement et l'élargissement de la paupérisation des populations africaines. Des politiques d'ajustement structurel sont imposées, sans l'accompagnement de correctifs sociaux que le mouvement social-démocrate a pu heureusement imposer, dans la plupart des pays industrialisés où les rigueurs de l'économie de marché ont été tempérées par l'introduction de lois sociales qui ont contribué au développement et à la stabilisation de la démocratie politique.
Afin de permettre à l'Afrique de connaître une transition sans heurt et sans violence, vers l'instauration d'un nouvel ordre démocratique, adapté à ses réalités propres, il est impératif de construire un système international de relations économiques et commerciales plus justes.
Un tel système doit être fondé sur le respect d'une plus grande justice sociale; il doit permettre un accès égal au marché mondial, à tous les pays industrialisés comme en voie de développement, en évitant de se fonder sur les seules règles de la compétitivité.
Dans ce sens, le nouveau système facilitera l'intégration des économies africaines au marché mondial.
Compte-tenu de la responsabilité spécifique de l'Union européenne vis-à-vis de l'Afrique, l'IS demande que l'Europe ne devienne pas une forteresse tournée exclusivement vers sa propre prospérité mais reste une Europe ouverte, notamment dans ses relations avec ses partenaires et associés africains.
A cette fin, l'IS demande que soient inscrits dans le traité de l'Union européenne, les principes essentiels suivants:
1. Le principe d'égalité de partenariat et de concertation (à inscrire dans le titre XVII du traité de l'Union);
2. Une meilleure cohérence dans les politiques et les interventions de l'Union européenne notamment dans les domaines du commerce, de l'agriculture, de l'industrie et de la pêche;
3. Un engagement concret en faveur d'une coopération économique et commerciale équitable, soucieuse de respecter tous les droits de la personne, y compris le droit au développement.
L'IS lance le même appel aux autres pays industrialisés et se félicite des initiatives déjà prises et en particulier, de l'initiative spéciale des Nations unies pour l'Afrique.
L'IS forme le voeu que ces initiatives contribuent effectivement au développement harmonieux et durable des pays africains.
A cet égard, l'IS encourage les pays africains à poursuivre et à renforcer leurs efforts par une meilleure solidarité, et à travers la promotion de l'intégration économique continentale, régionale et sous-régionale.
L'IS constate avec inquiétude le manque de progrès accomplis dans la résolution du conflit régnant au Sahara occidental, qui constitue un obstacle à l'avènement de la paix et à l'amélioration de la situation politique, sociale et économique au Maghreb. Le retrait partiel de MINURSO est un développement regrettable qui rend plus probable le renouvellement des hostilités. Nous devons demander que les parties concernées se conforment pleinement aux résolutions des Nations unies et fassent un nouvel effort pour établir des mécanismes stables et permanents de négociation permettant de résoudre le conflit, avec un soutien renouvelé de la communauté internationale.
L'ASIE ET LE PACIFIQUE
L'Asie-Pacifique est la région la plus dynamique du monde. Autrefois surnommée "l'Asie en sommeil", c'est aujourd'hui "l'Asie prospère". La croissance des pays en développement asiatiques atteint le double de la moyenne mondiale. Alors qu'autrefois, c'était aussi "l'Asie morcelée", tant sur le plan de la sécurité que de l'économie, c'est aujourd'hui "l'Asie intégrée". Sur le plan de l'économie, l'APEC stimule le processus de réforme et d'intégration économiques, tandis que sur le plan de la sécurité, le Forum régional de l'Asean (ARF) favorise avec succès un dialogue sur la sécurité régionale.
Mais l'Asie est aussi une région de contradictions. La croissance économique rapide, qui profite indubitablement à certains pays de la région, est à l'origine aussi des problèmes tels que la destruction de l'environnement, une crise énergétique et une pénurie de denrées alimentaires. La croissance de la population, qui va se poursuivre au même rythme rapide au XXIème siècle, doublée de la destruction de l'environnement, de la crise énergétique et de la pénurie de denrées alimentaires risquent de menacer sérieusement la sécurité de la région. Il est encourageant de voir la démocratie prospérer surtout dans les économies nouvellement industrialisées, mais de nombreuses parties de la région restent soumises à un pouvoir autoritaire.
La paix est plus que l'absence de guerre. Tout comme la guerre, la pauvreté, la famine, la destruction de l'environnement et les violations des droits de la personne mettent en danger la vie des êtres humains, les privent de leurs moyens d'existence, portent atteinte à la dignité humaine et au pire, entraînent la mort. La force de dissuasion et la diplomatie ne sont donc pas les seuls moyens de garantir la paix. La promotion du développement social, l'élimination de la pauvreté, la protection des droits de la personne et la préservation de l'environnement mondial doivent être considerées en priorité dans les efforts pour assurer la paix.
Dans ce contexte, les sociaux-démocrates et les socialistes de l'Asie-Pacifique doivent adopter à l'égard de ces problèmes régionaux une démarche multilatérale plutôt qu'unilatérale, et globale plutôt qu'axée sur des problèmes individuels.
La sécurité et le désarmement
La priorité, quant à la sécurité régionale et le désarmement, consiste à mettre fin aux essais nucléaires. Le gouvernement conservateur français a executé six essais nucléaires avant d'annoncer en janvier 1996 qu'il n'en ferait pas d'autres. Quant à la Chine, elle a récemment executé un essai nucléaire et elle a fait savoir qu'un autre allait être exécuté avant le mois de septembre. Du point de vue du désarmement nucléaire et de la protection de l'environnement, nous nous opposons fermement à ce que nos terres et nos océans servent pour les essais nucléaires. Nous exigeons que Beijing s'abstienne de faire d'autres essais nucléaires. Nous exhortons à rédoubler les efforts pour atteindre un Traité d'interdiction complète des essais (CTBT). A l'aube du XXIème siècle, le mouvement décisif vers l'élimination totale des armes nucléaires, dans des délais spécifiés, devient plus important que jamais pour la paix et la sécurité internationales.
La limitation des armes conventionnelles est aussi une question importante. Ainsi, en ce qui concerne la révision du protocole sur l'utilisation des mines, des efforts doivent être faits pour l'interdiction, à l'avenir, de la production, du stockage, de l'utilisation et du transfert des mines. Nous appelons par ailleurs tous les gouvernements de la région à cesser volontairement leur utilisation en attendant qu'un accord international soit conclu pour les interdire.
Un autre problème important auquel doit faire face cette région est celui du contrôle de la course aux armements. De nombreux pays en développement asiatiques connaissent, outre une expansion sur le plan de l'économie, une expansion militaire. Nous ne pensons pas que les armes accumulées actuellement posent un problème immédiat pour la stabilité de la région, mais si la course aux armements n'est pas contrôlée comme il convient, elle pourrait aboutir à des conflits armés. Pour résoudre ce problème, nous recommandons que tous les pays de la région accèdent au système d'enregistrement des armements de l'ONU, qui doit être augmenté.
Comme en Europe, de nouvelles structures régionales de sécurité se développent en Asie-Pacifique. Parmi elles, l'ARF est une structure de base, qui devrait jouer un rôle central dans la formulation de mesures visant à créer un climat de confiance.
Développement durable
L'APEC a été louée pour son "régionalisme ouvert" et pour ses efforts de libéralisation progressive. Mais la politique de libéralisation des échanges ne suffit pas à elle seule à résoudre des questions comme la croissance de la population, la pénurie des denrées alimentaires, la destruction de l'environnement et les crises énergétiques.
Le choix ne devrait pas être entre une pauvreté absolue et une croissance économique débridée. Ce que nous voulons c'est une communauté durable sur le plan social et environnemental, permettant que les richesses croissantes soient distribuées comme il convient et que les êtres humains vivent en harmonie avec la nature.
Nous invitons donc les pays de cette région à partager notre perception des questions fondamentales pour la sécurité, à savoir la destruction de l'environnement, la crise énergétique, la croissance de la population et la pénurie de denrées alimentaires, et à lancer une initiative inter-régionale visant à encourager des efforts conjoints en faveur de notre objectif commun du développement durable.
Démocratie et droits de la personne humaine
Sociaux-démocrates et socialistes de la région Asie-Pacifique déclarent solennellement que les droits de la personne humaine ont une valeur universelle. Nous respectons la diversité culturelle, mais pas les sacrifices des droits de la personne humaine. Déjà, en Europe, dans les Amériques et en Afrique, des mécanismes régionaux ont été mis en place pour protéger ces droits. Toutefois, sur ce continent, qui est le plus étendu de tous, il n'y a pas encore possibilité de créer une institution semblable pour les droits de la personne humaine. Tous les efforts doivent être faits pour établir un mécanisme de ce type dans la région Asie-Pacifique.
En Birmanie, comme le prouve l'arrestation récente de députés du NLD, des violations flagrantes des droits de la personne humaine continuent de se produire sous le régime militaire. Nous exigeons que les personnes arrêtées soient libérées immédiatement et que l'on respecte le résultat des dernières élections.
En outre, les viols de femmes birmanes commis couramment par des soldats du SLORC ainsi que l'utilisation cynique que le SLORC fait du viol comme instrument de sa campagne de soumission et d'oppression de la population civile, constituent une violation flagrante des droits de la personne humaine et doivent cesser.
Les Nations unies, les gouvernements et les organisations humanitaires doivent faire tout leur possible pour empêcher le trafic des femmes birmanes en Thaïlande.
L'Internationale Socialiste invite le Secrétaire-Général des Nations unies à mettre en oeuvre la résolution adoptée par l'Assemblée Générale destinée à trouver une solution pacifique en Birmanie. L'IS invite aussi les gouvernements du Japon, de l'ASEAN et d'autres pays à appuyer les efforts d'Aung San Suu Kyi à promouvoir la réconciliation nationale en Birmanie.
Les institutions financières internationales et les gouvernements doivent s'abstenir de renouveler leurs programmes d'aide au développement jusquà ce que le SLORC commence un dialogue avec Aung San Suu Kyi.
L'Internationale Socialiste réitère son intention, d'abord manifestée pendant la réunion du Comité Asie-Pacifique à Manille au mois de février 1995, de continuer ses efforts à réaliser sa mission de visiter ce pays, dont l'entrée a été refusée par les authorités birmanes.
Il faut aussi s'intéresser à la situation qui règne au Timor Oriental. Vu l'oppression que continue d'exercer l'armée indonésienne et le massacre de Dili, il nous faut intensifier les efforts pour soutenir les habitants du Timor dans leur lutte pour l'auto-détermination.
La situation des droits de la personne humaine au Bhoutan et au Tibet reste grave et nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple de ces régions qui lutte pour la démocratie.
En ce que concerne la Chine, le régime autoritaire existe toujours, mais ses politiques ouvertes et réformistes semblent continuer. En surveillant l'attitude de Beijing envers les droits de la personne humaine, nous devons l'aider à poursuivre ses politiques ouvertes et réformistes.
La péninsule coréenne reste instable. On affirme que sous l'effet des inondations qui se sont produites l'année dernière et des pénuries de denrées qui leur ont fait suite, la Corée du Nord réussit à peine à survivre. Pour atténuer cette situation, le gouvernement de Pyongyang accepte désormais une aide de l'étranger. Tout en augmentant cette aide humanitaire, nous devons l'encourager à accepter l'idée d'une réunion quadripartite, et l'intégrer progressivement dans la communauté internationale.
En ce qui concerne Fidji, les violations flagrantes des droits de la personne humaine et des droits syndicaux sont une cause importante d'inquiétude pour l'Internationale Socialiste. La constitution de Fidji, lourde de parti pris racial, a marginalisé les habitants d'origine indo-fidjienne et les a relégués au rang de citoyens de troisième classe dans le pays de leur naissance. La communauté indo-fidjienne qui est la principale victime de la constitution se voit nier l'égalité d'accès à l'éducation, à l'administration et à la protection sociale, bien qu'elle paie 80 pour cent des impôts nationaux.
L'IS suivra avec attention les mesures politiques qui seront prises concernant les conclusions du rapport de la Commission de revue constitutionnelle et appelle le gouvernement en place à accepter et à mettre en oeuvre ses conclusions qui remettraient Fidji sur la voie d'élections démocratiques, vers une société juste et équitable.
Les droits de la femme dans la région Asie-Pacifique
L'Asie, et spécifiquement Beijing, a accueilli la quatrième conférence mondiale de l'ONU sur les femmes, la plus grande réunion jamais organisée par l'ONU. Pourtant, dans la plupart de la région Asie-Pacifique les femmes restent dans l'ensemble plus à l'écart de tous les aspects de la vie que leurs soeurs du monde développé.
Les questions de sécurité, de durabilité, de démocratie et de droits de la personne humaine touchent les hommes et les femmes différemment. Dans ce contexte, il est urgent que les sociaux-démocrates de la région examinent avec attention la situation des femmes et fassent plus d'effort pour assurer leur participation aux débats et actions concernant ces questions.
EUROPE
L'ensemble des transformations qui ont complètement changé notre planète depuis l'automne 1989, a supposé la cessation définitive de l'ère de la confrontation entre les blocs et a engendré alors de nouveaux défis.
Le Mur de Berlin est tombé, le bloc soviétique s'est écroulé, les pays de l'Europe centrale ont trouvé leur voie, parfois contradictoire, jusqu'à la démocratie. L'Europe est sortie d'une ère d'opprobre et a pu enfin se consacrer à sa construction pleine et complète. Mais des problèmes sérieux demeurent.
Pour la première fois depuis plus de quarante ans, l'Europe a connu de nouveau la guerre, sans qu'elle ait été capable de trouver une solution au conflit. Le phénomène de nationalisme exacerbé est apparu de nouveau, ce qui a réduit la stabilité politique du continent. Nos sociétés subissent de graves problèmes structurels qui se reflètent dans des taux de chômage inadmissibles.
Les Etats ne peuvent pas répondre isolément à ces nouveaux problèmes. L'option des socialistes européens qui travaillent conjointement au sein du Parti des Socialistes Européens, PSE, passe par des réponses de dimension européenne aux nouvelles situations. De plus, l'IS considère que l'Union européenne représente non seulement une opportunité mais a aussi une responsabilité en ce qui concerne l'assurance de la paix, du bien-être et de la justice sociale, d'autant plus que les socialistes sont la famille politique la plus importante de l'Union européenne. Nous pouvons donc affirmer sans risque de nous tromper que nous représentons l'unique force politique capable d'offrir une solution combinée aux problèmes économiques, sociaux et environnementaux.
Dans le cadre de l'Europe, l'action des socialistes a comme objectifs:
- Travail et prospérité: une société en pleine activité, efficace et sûre, sans chômage ni pauvreté;
- De créer un programme équilibré de développement économique, social et écologiquement solide qui protège l'environnement et qui encourage une meilleure qualité de vie;
- Avance dans l'approfondissement, la réforme et l'élargissement de l'Union européenne. Lors de la Conférence Intergouvernementale en cours, l'IS et le PSE soutiennent que la réforme institutionnelle de l'Union doit être basée sur trois objectifs: instaurer un processus de prise de décisions efficace, en élargissant de manière significative le champ d'application du vote pour la majorité qualifiée; doter la politique européenne de plus de transparence et d'une meilleure ouverture, et garantir que les décisions soient adoptées au niveau approprié; et enfin, introduire plus de démocratie dans le fonctionnement institutionnel, en augmentant les pouvoirs du Parlement européen et en renforçant la participation des parlements nationaux;
- Développer une politique extérieure et de sécurité commune, en tant que contribution à la paix et au développement dans le monde;
- Créer une société ouverte, disposée à se montrer solidaire avec le reste de la planète;
- Egalité totale des opportunités entre les femmes et les hommes;
- Solidarité entre les personnes, les générations et les pays.
L'emploi a été et sera toujours l'axe de l'action des socialistes européens. Les politiques de croissance économique, génératrices de postes de travail et soutenables par rapport à l'environnement constituent le principal défi économique et social auquel sont confrontés les responsables politiques. Le chômage massif conditionne défavorablement l'avenir de nos sociétés.
En décembre 1993, le PSE a lancé un programme d'action ambitieux, L'Initiative Européenne pour l'Emploi qui contient les éléments clés d'une politique économique destinée à générer l'emploi. Dans l'optique du prochain congrès du PSE - qui sera le troisième et qui se tiendra au printemps prochain à Malmö - Jacques Delors dirige les travaux sur un nouveau modèle de développement, qui donnent une continuité au travail de l'Initiative Européenne pour l'Emploi.
Nous pensons qu'il existe des possibilités qui ne sont pas utilisées pour donner une impulsion à une politique économique active et concertée au niveau européen. Il est possible de libérer d'énormes potentialités de croissance dépassant les limites des économies nationales et utilisant les possibilités réelles de l'économie commune européenne. L'initiative concertée de politiques macro-économiques à l'échelle européenne peut garantir une croissance stable et soutenue et une tendance maintenue pour la création d'emplois.
L'investissement et l'emploi dans le secteur privé représentent un objectif prioritaire, qui doit être renforcé par le biais de l'investissement public dans la recherche et le développement, l'infrastructure, l'habitation et la gestion environnementale, afin de garantir des niveaux adéquats de compétitivité à long terme. Investir dans l'éducation et la formation doit être également un objectif prioritaire.
Les socialistes européens travaillent pour obtenir un nouveau contrat social en Europe, entre les syndicats et les entreprises, sous l'impulsion des pouvoirs publics, qui créera un nouvel équilibre positif entre les garanties de sécurité et la nécessité de changement. La réorganisation du travail existant peut et doit être atteinte au moyen de mesures négociées, qui sauvegardent la compétitivité et comportent une réduction de la journée de travail afin de mieux répartir le travail existant.
Une autre voie à suivre pour favoriser au maximum la création d'emplois serait l'utilisation de l'important potentiel des nouvelles activités liées au secteur des services, ainsi que l'impulsion donnée au secteur de l'économie sociale et des initiatives locales.
La priorité politique de l'emploi n'empêche pas les socialistes européens d'affirmer leur engagement en faveur de l'Union Economique et Monétaire (UEM), comme complément important du marché intérieur et comme une façon de s'assurer que les pays dont les monnaies s'intègrent dans la monnaie unique, suivent le calendrier et les critères de convergence. La troisième phase de l'UEM doit démarrer avec la participation du plus grand nombre possible d'Etats membres. La mise en pratique de l'Union Monétaire devra s'accompagner d'une meilleure coordination des politiques économiques, budgétaires, fiscales, de l'emploi et sociales, en vue d'obtenir la compatibilité sociale de l'UEM et d'assurer le maintien des critères de convergence sur des bases économiques saines. En tout cas, il faudra promouvoir des relations économiques et sociales solides entre les Etats qui s'intègrent dans l'Union Monétaire et ceux qui ne le font pas.
Les socialistes européens travaillent activement afin de doter l'Union européenne d'une capacité authentique d'affirmation sur la scène internationale, à travers la politique extérieure et de sécurité commune. Une Union européenne pourvue des instruments nécessaires et appropriés de politique extérieure et de sécurité aurait été plus efficace et plus libre pour agir avec énergie dès le début face aux conflits de l'ancienne Yougoslavie.
L'IS et le PSE maintiennent que, pour des raisons de solidarité, l'Europe a la charge d'une politique de coopération active dans son entourage immédiat et jusqu'au monde moins développé qui contribue à réduire les inégalités entre le Nord et le Sud. Pour cela, il faut maintenir au même niveau l'aide aux pays de la Convention de Lomé.
Les socialistes démocratiques dans l'UE avisent à promouvoir, tant au sein de l'Union que dans les autres pays, la défense des droits de la personne humaine et le respect de la démocratie et de l'état de droit, tout cela en coopération avec les partis frères des pays extra-communautaires. A la différence des forces politiques conservatrices, nous considérons que les droits sociaux et économiques font partie intégrante des droits de la personne humaine.
Les socialistes européens déploient une activité continue pour que l'Union européenne renforce le développement des pays de l'Europe centrale et orientale qui leur ouvrira le chemin européen. Les nouvelles démocraties sont en pleine période de réformes et ont besoin d'aide pour leur reconstruction, d'un accès aux marchés de l'Union européenne et de perspectives claires pour leur totale intégration. Nous défendons également la création d'un espace d'association et de coopération, dans tous les domaines, avec les pays du bassin méditerranéen, et nous appuyons les efforts qui permettent d'assurer le succès du processus de paix au Moyen-Orient.
En matière d'environnement, le PSE a élaboré des programmes d'action soutenus pour l'établissement d'un modèle innovant de développement qui lie la gestion de l'environnement et la création d'emplois. L'Union européenne doit exercer un leadership mondial en matière de protection de l'environnement. Il faut mettre en pratique, dans la ligne ouverte par la Conférence de Rio, les accords sur l'environnement qui engagent sur le plan légal avec des priorités claires concernant le climat, la protection de la forêt, la désertification, la bio-diversité, et les résidus.
Nous estimons que l'Union européenne doit augmenter et améliorer l'assistance à l'environnement dans le monde en développement. C'est seulement si on crée les bases économiques et sociales nécessaires qu'on pourra avoir une gestion appropriée de l'environnement. Pour cela, l'Union européenne doit soutenir l'ouverture des marchés mondiaux aux pays moins développés (LDCs) et appuyer le transfert de technologies adaptées et des moyens financiers pour que les pays moins développés ne soient pas forcés de choisir entre les bénéfices économiques à cour terme et les considérations environnementales à long terme.
L'action des socialistes européens vise à la création d'un modèle de coopération et de gestion environnementale qui découvre de nouveaux champs de création d'emplois, réduise la décimation des ressources naturelles et développe des systèmes de production et de consommations soutenables.
Une Europe forte, solidaire, qui parie sur l'approfondissement de la démocratie, doit combattre le racisme et la xénophobie. La violence et les attaques racistes qui se produisent dans nos sociétés sont la manifestation la plus extrême d'un problème profond. Ces phénomènes se déclenchent en partie en raison du chômage des jeunes, des récessions cycliques et de la perte d'espérance vitale. Tout cela est lamentablement exploité par les politiques antidémocratiques de l'extrême droite.
L'unique façon d'avancer est la construction d'une Europe prospère, basée sur la solidarité, dans laquelle tout être humain est traité avec respect en ce qui concerne ses droits, et dans laquelle les citoyens n'appartenant pas à l'Union européenne ont des possibilités d'intégration sociale grâce aux opportunités de formation et d'emploi, ainsi que de participation à la vie politique.
Enfin, et ce n'est pas le moins important, les socialistes européens s'efforcent de progresser vers une société paritaire. La représentation des femmes à tous les niveaux de participation et de prise de décision doit augmenter sensiblement. Dans le cadre politique, l'engagement socialiste est la promotion des femmes dans toutes les institutions de l'Union européenne et, pour ce qui concerne les instances socialistes, l'obtention d'une présence équilibrée d'hommes et de femmes dans les organes et les activités du PSE. Dans le cadre économique et social, ce compromis est centré sur le dépassement des discriminations, la correction de l'inégalité salariale de fait et la réponse au problème posé par le fait que le chômage affecte plus les femmes et que celles-ci souffrent plus des conséquences des inégalités sociales et territoriales.
EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
La chute du Mur de Berlin et l'effondrement du système communiste ont signalé la fin d'une époque dans l'histoire de l'Europe et du monde. Les efforts d'affirmer la justice sans la liberté et la démocratie ont été révélés comme une illusion tragique.
La démocratie et la justice sont des valeurs inséparables et c'est précisement les événements des années passées qui nous ont montré la pertinence et la validité des valeurs et idées du socialisme démocratique.
Willy Brandt a vu, dans l'affirmation de la démocratie sociale en Europe de l'Est, le couronnement de l'Östpolitik auquel il a dédié sa carrière politique et sa vie même. Les événements de ces années ont été le preuve du courage et de la lucidité de Willy Brandt.
Nous réaffirmons aujourd'hui que ce que l'Europe deviendra dans les années prochaines dépendra en grande partie sur ce qui arrive dans cette région énorme qui s'étend des plaines polonaises jusqu'à la Sibérie, des Balkans jusqu'au Caucase.
1. La guerre qui déchira l'ancienne Yougoslavie a retenu notre attention tout au long de son déroulement et nos pensées en tout premier lieu sont avec les femmes, les enfants et les hommes de Bosnie-Herzégovine, Sarajevo, Srebrenica, Bihac, Goradze, Breko, Tuzla et de tous les villages et villes touchés par les atrocités des bombardements et de la purification ethnique.
Nous avons toujours pensé qu'il serait impossible d'arriver à une solution tant que les armes, la violence et le pouvoir arbitraire feraient la loi. La paix est seulement possible au travers de négociations. C'est pourquoi tous nos efforts se sont concentrés sur l'arrêt de la guerre, le lancement d'un dialogue entre les combattants et la mise en place d'un accord négocié.
C'est également la raison pour laquelle nous avons accueilli avec satisfaction la nouvelle de la signature des Accords de Dayton, qui permirent aux opposants d'arrêter les hostilités, de mettre fin aux souffrances des populations civiles et de démarrer un processus de paix dont l'objectif est la co-existence pacifique, sur le même territoire, de communautés ethniques distinctes. La réussite des élections à Mostar et le début des activités du conseil municipal furent très encourageants dans l'optique des élections en Bosnie en général.
Il est évident qu'il reste beaucoup de chemin à faire avant d'arriver définitivement à la paix et on rencontrera sans aucun doute des difficultés. Tout d'abord, il faudra prendre de nouvelles mesures pour permettre aux réfugiés de rentrer chez eux, pour autoriser la libre circulation de chacun dans le territoire de Bosnie-Herzégovine et pour appliquer pleinement les Accords de Dayton, sous le mandat desquels agissent les soldats de la Force multinationale de paix de l'OTAN (IFOR).
L'IS demande à la communauté internationale de reconfirmer la mission internationale de paix de l'IFOR en Bosnie-Herzégovine, pour contribuer à la stabilisation du processus de paix et pour soutenir l'intégration des differentes communautés ethniques.
L'une des conditions principales nécessaires pour atteindre ces objectifs est la nécessité de remettre aux mains de la justice ceux qui sont responsables des massacres et des crimes perpétrés en Bosnie. Nous soutenons entièrement le travail du Tribunal International des Crimes de Guerre pour l'ancienne Yougoslavie, présidé par le Professeur Antonio Cassese.
L'IS porte une grande estime pour le travail effectué en Bosnie-Herzégovine par les ONGs et les agences humanitaires et fait appel à la communauté internationale, l'Union européenne, la Banque Mondiale et le Haut Commissaire pour les Réfugiés, ainsi que les autres agences des Nations unies, afin qu'ils redoublent leurs efforts pour une reconstruction complète de la Bosnie-Herzégovine.
Personne ne devrait perdre de vue le grand objectif politique: la reconstruction, sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine et dans tous les pays de la région, d'une société démocratique pluri-ethnique, pluri-culturelle et pluri-religieuse.
C'est pour cela que nous pensons que les élections de septembre sont d'une importance extraordinaire et nous demandons à tous les partis membres de l'Internationale Socialiste d'apporter leur aide sous toutes les formes possibles aux partis d'inspiration sociale-démocrate qui luttent pour obtenir une société pluri-ethnique: le Parti Social-Démocrate (SDP), et l'Union des Social-Démocrates Bosniaques (UBSD).
Il faut que des mesures supplémentaires et décisives soient prises pour établir une paix équitable et durable qui garantit les droits de toutes les parties de cette région et de tous ses groupes ethniques et religieux. Les élections en Serbie et au Monténégro doivent également permettre d'affirmer des principes et règles entièrement démocratiques dans ces deux pays.
L'IS réaffirme sa position en faveur de l'autonomie pour la population de Kosovo, Sandjak et Vojvodina à l'intérieur de l'actuel cadre territorial et juridique de la Fédération Yougoslave, et espère qu'un accord final de bon voisinage et de co-opération puisse être conclu entre la Grèce et l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine.
Concernant les élections en Albanie voisine, l'IS désapprouve la manière dont la votation s'est effectuée en mai 1996, et la grave crise politique et institutionelle provoquée par les élections. La seule manière de sortir de la crise actuelle serait à travers un "dialogue politique" entre le gouvernement et l'opposition, visant à achever un accord sur les pas politiques et électoraux nécessaires pour un retour à une loi constitutionnelle. De nouvelles élections génerales doivent être organisées aussitôt que possible dans le respect total des normes démocratiques internationales, avec des conditions et des garanties précises pour une légitimité démocratique.
2. Les changements démocratiques et économiques en Europe centrale et orientale sont d'une importance historique, et ont un effet considérable sur la stabilité de tout le continent. L'IS applaudit les accomplissements des citoyens de cette région dans la construction d'institutions démocratiques et dans la mise en oeuvre de la modernisation, la croissance économique et la stabilité politique. Le processus de transformation systématique a ouvert de nouvelles perspectives pour les sociaux-démocrates dans cette région de l'Europe.
La situation aujourd'hui est très différente de celle de 1989.
Durant une première phase, dans la période qui suivit immédiatement la chute du Mur de Berlin, beaucoup de gens pensaient dans cette région du monde qu'une économie de marché allait satisfaire rapidement le désir d'avantages sociaux et de prospérité que plusieurs décennies de communisme n'avait pas assouvi.
C'est pourquoi l'opinion publique était en faveur des forces du néo-libéralisme et de l'économie de marché.
Mais très vite cet espoir s'avéra n'être qu'une illusion. La transition vers une économie de marché a effectivement entraîné de forts taux de croissance de l'économie et une modernisation de la société, en particulier dans certains pays d'Europe orientale. Mais le passage à une économie de marché s'est produit sans règles appropriées, souvent de manière totalement libre, ce qui provoqua des inégalités sociales prononcées. De petits groupes de la population, appartenant dans certains cas aux classes dirigeantes de l'ancien régime, accumulèrent de vastes richesses alors que le plus grand nombre continuait de vivre dans des conditions sociales précaires et peu sûres.
C'est pourquoi une "seconde" phase apparut dans la transition, durant laquelle un nombre considérable de citoyens se tourna vers les forces politiques qui proposaient une relation plus équilibrée et équitable entre le marché et le besoin de solidarité sociale.
L'IS salue cet effort en faveur d'une économie de marché sociale en Europe centrale et orientale.
Cela explique pourquoi dans de nombreux pays de l'Europe centrale et orientale, des parties qui se déclaraient ouvertement comme social-démocrates remportent les élections depuis quelques années.
La grande majorité des citoyens de ces pays ne regrette certainement pas l'opression politique et la grisaille de la vie quotidienne qui étaient à l'ordre du jour sous les régimes communistes. Les résultats des élections démontrent plutôt qu'il existe un sentiment sous-jacent de protestation contre l'inégalité économique, l'arrivée d'une société de marché non régulée et enfin contre ceux qui nourrirent l'illusion comme quoi le marché aurait résolu toutes les contradictions inhérentes à la transition.
3. Les récentes élections en Russie représentèrent un important pas en avant vers la consolidation de la démocratie et l'avènement du pluralisme politique. Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu'il continue d'y avoir d'énormes problèmes et difficultés de croissance.
La transition vers une économie de marché en Russie a continué d'être caractérisée par une insuffisance d'investissements étrangers et par des incertitudes et des confusions dans la politique générale. Mais on remarque des signes de reprise en termes de la productivité de l'économie. Néanmoins, cela continue de se produire dans un contexte d'incertitude généralisée caractérisé par l'absence de règles claires, par l'assaut des forces spéculatives, par la croissance de l'économie au noir et, surtout, par la multiplication des inégalités sociales extrêmes.
En Russie aujourd'hui, les risques sont importants. Alors qu'en Europe centrale l'opinion publique a été déçue par les inégalités provoquées par le marché et s'est rapprochée de la gauche, en Russie l'opinion court le risque de suivre ceux dont les programmes autoritaires sont incapables de transformer ces protestations généralisées en une dynamique démocratique à la fois réformatrice et modernisante. Il est évident que ce risque est inquiétant pour la démocratie russe et pour l'avenir de l'Europe et du monde.
Depuis la fin de la bipolarité du monde diplomatique, la Russie continue de jouer un rôle décisif dans le développement des politiques de coopération et de développement sur notre continent. L'Europe, et le monde, ont un intérêt fondamental à ce qu'en Russie et dans les autres Etats de la CEI la transition vers des institutions démocratiques, la consolidation de l'autorité de la loi et la stabilisation de l'économie de marché ne soient pas interrompues. Nous avons tous besoin de l'insertion totale de la Russie dans les institutio