Congrès
30 juin-02 juillet 2008
IV THEME
LA DIMENSION HUMAINE DES MIGRATIONS
La personne humaine au cœur du nouvel ordre du jour sur les migrations
Original : espagnol
Le phénomène migratoire s’est mondialisé. De nos jours, les migrations internationales doivent être abordées avec la même importance que le changement climatique, la haute des prix du pétrole et des denrées alimentaires, qui touchent des millions de personnes. Nous, les sociaux-démocrates proposons d’aborder ce thème sous la devise à partir de laquelle a été créé le Comité de l’Internationale Socialiste sur les Migrations : ‘La Migration : un droit humain’.
Prenant en compte la dimension et les caractéristiques que la migration internationale a acquise et les implications qu’elle a vis à vis du développement de nombreuses régions du monde, une nouvelle vision et un changement dans les formes dans lesquelles les sociétés receveuses et émettant des migrants ont assumé leurs responsabilités face à ce phénomène, sont nécessaires.
En premier lieu, nous, les sociaux-démocrates, ne partageons pas la politique de criminalisation des migrants – en particulier lorsqu’elle ne s’attaque pas aux causes qui sont à l’origine du phénomène migratoire, car cela équivaut à criminaliser la pauvreté. Par exemple, les décisions prises par le gouvernement italien d’imposer une politique punitive envers les migrants, ne doit pas se convertir en une politique des institutions européennes.
La ‘Directive du retour’, adoptée récemment par le Parlement européen a généré préoccupation et rejet en Amérique latine, du fait des procédés de retour et de ses conséquences pour les droits humains fondamentaux des migrants
Le Comité de l’IS sur les Migrations considère comme pertinent que dans le processus de mise en œuvre de cette nouvelle politique migratoire de l’Union européenne, les droits de la personne et les droits du travail des migrants soient pleinement garantis, en particulier ceux des enfants – y compris le droit de ne pas être séparé de leur famille – prenant toujours en compte tous les aspects du complexe phénomène migratoire international.
Les migrations qui se sont développées durant le XXIème siècle n’ont aucun précédent dans l’histoire moderne, bien qu’elles soient aussi vieilles que l’humanité elle-même. Selon les Nations Unies, en 2008, il y a 200 millions de personnes qui vivent en dehors de leur pays d’origine et leur nombre peut encore augmenter durant les prochaines années.
Nous affirmons que le premier droit d’une personne est de ne pas avoir à abandonner sa terre, en raison de causes externes à sa volonté, et d’y pouvoir jouir des conditions pour l’exercice des ses droits et de son développement.
La Déclaration de Manille de l’Internationale Socialiste, la relation étroite et complexe entre la migration et le développement est reconnue. Il faut reconnaître que La migration internationale a, dans de nombreux cas contribué et peut contribuer à l’économie à la fois des pays émetteurs et des pays récepteurs. Elle implique une force de travail, des investissements, des transferts de fonds, parfois des transferts de travailleurs qualifiés, la circulation des cerveaux et réseaux de connexion de la diaspora.
Mais il ne s’agit pas uniquement de main d’œuvre avec différents degrés de qualification : il s’agit de personnes et pour cela, la reconnaissance et le renforcement des droits des migrants constituent une partie essentielle de l’agenda du développement.
En outre, il est indispensable d’examiner l’impact produit dans le développement par les communautés d’où les transferts de fonds sont originaires et faciliter leur flux. Ces transferts de fonds, qui dans leur majorité sont des transferts personnels de même que privé, permettent d’être utilisées dans l’alimentation, la santé et l’éducation, et dans quelques occasions peuvent être utilisées dans des projets productifs générateurs d’emplois.
Divers organismes financiers internationaux, comme la Banque mondiale et la Banque interaméricaine pour le Développement, ont mené des études qui démontrent qu’il est possible de renforcer l’importance des remises à travers des programmes qui impliquent les gouvernements locaux et nationaux, ce qui ne signifie pas qu’ils aient l’obligation de donner une impulsion aux politiques publiques pour un développement équitable, et n’implique en aucun cas que les migrants soient considérés comme les responsables de la croissance de ceux ci.
Lors des derniers sommets de présidents et chefs de gouvernement d’Amérique latine et de l’Union européenne, comme celui qui s’est déroulé à Guadalajara au Mexique en mai 2004, il a été souligné la nécessité de mettre un accent intégral sur la migration, mettant en place une thèse fondamentale : le plein respect de tous les droits humains pour tous les migrants, peut importe leur statut migratoire. De même, s’est détachée l’importance d’appuyer la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migratoires et de leurs familles, approuvée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1990.
D’autre part, tant dans le Sommet sur le financement de Monterrey, au Mexique, en 2002, que lors du Sommet du G-8 de 2003, aux Etats-Unis, a été réitérée la nécessité d’une large coopération pour faciliter le coût des transferts de fonds dans les pays en développement, avec l’accord de le réduire de 50%.
De même, traiter des conséquences de la migration des femmes et des enfants comme partie intégrale de la féminisation de la migration, signifie que les femmes et les enfants doivent être protégés dans les pays récepteurs, où leur intégrité physique et morale peut être à risque. Des conventions, normes et instruments légaux pour les institutions nationales et humanitaires doivent également être établis, de même que pour la protection des femmes face aux risques de trafic d’êtres humains et la prostitution.
Les pays d’origine des migrants, de leur côté, ont l’obligation d’appliquer des politiques publiques de protection consulaire, comme de modifier leurs structures institutionnelles, créant des instituts ou des ministères de protection de leurs migrants, afin de leur prêter une assistance légale et humanitaire. Parallèlement, des politiques publiques ayant un contenu social en faveur des familles de ceux qui restent sont requises, garantissant leur droit à la santé, à l’éducation et à une vie digne, en particulier pour les enfants, les femmes et les adultes dans une situation vulnérable.
Il faut créer les solutions pour la réinsertion sociale et salariale des déportés et de leurs familles, comme des programmes de retour et d’appui aux entreprises de migrants pour qu’ils retournent dans leur pays d’origine. Ceux-ci constituent des thèmes en suspend dans l’agenda migratoire.
Pour les sociaux-démocrates, face à la thèse qui prédomine dans divers pays en développement, de lier la migration avec la sécurité interne et le renforcement des frontières, nous considérons qu’il est important de définir une position progressiste et allant de l’avant. Une stratégie qui reconnaisse la contribution des travailleurs migrants au développement du pays récepteur et qui leur octroie les mêmes droits du travail que ceux des travailleurs nationaux. Le fait de savoir qui est sur leur territoire, à travers la reconnaissance des droits du travail, constitue également un mécanisme plus efficace et plus sûr que des politiques punitives.
Dans cette orientation, le Comité de l’Internationale Socialiste Migrations sur les se prononce en faveur d’une politique qui conçoive des solutions s’attaquant aux causes de la migration par l’intermédiaire de fonds compensatoires pour le développement des régions d’origine. De même, elle condamne avec énergie la construction de murs qui divisent les pays, comme celui entre la frontière du Mexique et des Etats-Unis, ou encore entre Israël et la Palestine. Ce ne sont pas les barrières physiques qui mettront un frein à la migration dans un monde globalisé ; par contre celles-ci peuvent entrainer la mort de personnes qui sont à la recherche d’une nouvelle vie.
Le XXIII Congrès de l’Internationale Socialiste lance un appel à tous ses partis membres afin qu’ils mettent à la disposition du Comité sur les Migrations des experts qui aideront à la formulation d’une politique migratoire qui place en son centre les migrants comme êtres humains, hommes et femmes, avec des droits civils, sociaux, culturels et salariaux. Tous les sociaux-démocrates du monde doivent contribuer à cette tâche.