Une réunion du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste a eu lieu les 30-31 juillet à Praia, Cap-Vert, accueilli par le Parti Africain de l'Indépendance du Cap-Vert, PAICV. Des délégués de partis membres et invités de tout le continent et au-delà se sont réunis pour cette réunion de deux jours à l’avance du XXIV Congrès de l’Internationale Socialiste qui aura lieu au Cap, en vue d’incorporer les perspectives régionales des thèmes principaux à être traités par le Congrès. (
Liste des participants)
Lors de l’ouverture de la réunion qui s’est déroulée à l’Assemblée nationale du Cap-Vert, José Maria Neves, Premier ministre du Cap-Vert et Président du PAICV s’est adressé aux participants de la réunion ainsi que des membres du parlement et des représentants du gouvernement, soulignant que s’il n’y avait pas de démocratie il n'y aurait pas de développement, comme il n’y avait pas d’Etat démocratique sans institutions fortes et crédibles et l’Etat de droit. La paix et la stabilité étaient la condition sine qua non pour un développement durable, et l’intégration régionale et la défense des valeurs communes de notre famille politique nous permettront d’y parvenir.
Dans ses remarques introductives, le Secrétaire général de l’Internationale Socialiste, Luis Ayala, a observé que l’Afrique avait fait de grands progrès et que les sociaux-démocrates dans le continent étaitent aux premiers rangs de l’avancée de la démocratie, de la résolution de conflits et les efforts pour plus d’égalité. Le soutien de la démocratie et de l’Etat de droit était toujours une nécessité comme l’avait montré la situation au Mali et en Guinée-Bissau suite aux coups d’Etat. L’Internationale Socialiste restait pleinement engagée aux côtés de nos membres dans ces pays et à travers le continent dans leur lutte pour défendre et renforcer la démocratie là, où elle était menacée.
Ousmane Tanor Dieng, Président du Comité et Secrétaire général du Parti socialiste du Sénégal, a formellement déclaré la réunion ouverte et a rappelé aux participants que le Comité se réunissait pour la troisième fois au Cap-Vert ce qui était un symbole des acquis démocratiques et de la stabilité du pays. Une réponse africaine concertée était nécessaire en temps de crise, pour lutter contre le fléau du terrorisme et les problèmes dans l’économie mondiale, pour augmenter le multilatéralisme et établir la bonne gouvernance qui était la clé au développement et à la stabilité démocratique. En commémoration de la disparition du Président John Atta Mills du Ghana, la réunion a observé une minute de silence.
Le premier thème de discussion « La crise financière: les perspectives pour la région et le contexte mondial » a été introduit par Cristina Duarte, Ministre des finances du Cap-Vert, qui a résumé l’impact de la crise financière sur la région et ses effets sur l’économie africaine ainsi que ses répercussions sur les perspectives africaines, notant que des moteurs régionaux étaient la clé à une économie croissante. Pendant les discussions sur ce thème, un nombre de questions ont été soulignés. Le blanchissement d’argent, le trafic de drogue, la corruption et des crises nationales et régionales menant à l’extrémisme et à l’incertitude politique étaient également des facteurs gênants, ralentissant la croissance et le développement dans la région. Les participants ont souligné le fait que cette crise mondiale nécessitait une réponse mondiale et qu’en tant que socialistes nous cherchions des alternatives aux approches néolibérales qui aboutissaient uniquement dans l’austérité. Un appel a été lancé pour un leadership clair sur cette question et la nécessité de garantir que les droits et institutions démocratiques étaient préservés dans la lutte contre la crise. Le fait de faire entendre la voix africaine au niveau international et d’être impliqué dans la prise de décisions qui auront un impact sur toute la région a également été perçu comme crucial.
Lors des discussions approfondies sur le deuxième et troisième thème, « Travailler pour la paix et le multilatéralisme: la résolution de conflits en Afrique » et « Faire avancer et renforcer la démocratie dans le continent et surmonter l’autoritarisme », les participants étaient unanimes que la volonté politique du peuple devait être respecté, et le Comité a fait appel au rétablissement de l’ordre démocratique en Guinée-Bissau et au Mali où des coups d’Etat ont eu lieu. Au Mali, plusieurs facteurs menaçaient le retour à l’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale, parmi eux des rebelles armés qui étaient actifs dans le nord et des extrémistes religieux qui essayaient de prendre le contrôle. Entre temps, les efforts pour l’établissement d’un gouvernement de transition d’unité nationale étaient actuellement en cours. Les pays voisins et la sous-région étaient menacés par des groupes terroristes qui essayaient d’avancer dans des territoires limitrophes. Carlos Gomes Junior, Premier ministre de Guinée-Bissau, résumant la situation dans son pays, où le premier tour des élections présidentielles avait été reconnu comme libre et juste par des observateurs internes et externes avant le coup d’Etat, a fait appel à l’ONU d’aborder la situation dans son pays et de prendre les mesures nécessaires pour permettre un retour rapide à l’ordre démocratique.
Les participants sont convenus qu’en tant que socialistes notre première loyauté était envers la démocratie, le renforcement des institutions démocratiques et le respect des droits de l’homme. Les conflits dans la région autour des matières premières et des produits de base augmentaient, et les crises alimentaires telles que celle au Sahel devenaient plus fréquentes. Renforcer les relations et échanger des informations étaient un autre moyen pour rehausser le multilatéralisme et une économie croissante pouvait être un facteur de stabilisation et de paix. Les participants ont également appelé à l’Union Africaine, avec sa nouvelle présidente Nkosazana Dlamini-Zuma, de jouer un plus grand rôle dans la résolution de conflits, avec le point de vue général que les institutions régionales étaient capables de résoudre les conflits elles-mêmes sans l’intervention de la communauté internationale à travers le dialogue et la négociation.
Lors de la conclusion de la réunion, après deux jours de discussions intensives, les participants ont adopté la
déclaration de Praia, qui souligne quelques points clés traités, notamment que la crise financière doit être abordée par des mesures qui encouragent la croissance et l’investissement et ainsi la création d’emplois, rehausser la coopération multilatérale pour garantir l’unité nationale, la paix et la stabilité, et la consolidation de la démocratie dans le continent afin d’empêcher des coups militaires et garantir le respect de l’ordre constitutionnel.