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Afrique

Réunion du Comité Afrique de l'IS, Niamey, Niger

01-02 juin 2001

Une réunion du Comité Afrique de l'Internationale Socialiste a eu lieu à Niamey les 1-2 juin, réunissant des délégués à travers le continent sous le thème principal "Le programme social-démocrate pour l’Afrique".

La réunion était accueillie par le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme, PNDS, présidée par Ousmane Tanor Dieng, du PS sénégalais et président du Comité. La réunion a concentré son attention sur des sujets concernant la démocratie, le paix, la sécurité, la lutte contre la pauvreté et le développement durable à travers la région. Le Comité a adopté la Déclaration de Niamey.

Liste des participants

 
 



DECLARATION DE NIAMEY
 

La première session du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste pour l’année 2001 s’est tenue à Niamey les 1 et 2 juin 2001. Les débats sur le thème principal "Le programme social-démocrate en Afrique" se sont articulés autour des trois sous-thèmes suivants:

1. L’avance, le renforcement et la consolidation de la démocratie sur le continent.

2. La conquête d’un futur de paix et de sécurité pour toutes les populations d’Afrique.

3. Donner la priorité à la lutte contre la pauvreté et assurer le développement durable pour tous les peuples de la région.

A l’issue de discussions riches et fructueuses, il ressort à propos:

A. Du premier thème: L’avance, le renforcement et la consolidation de la démocratie sur le continent que:

1. Si le processus de démocratisation amorcé depuis une décennie sur le continent est un processus désormais irréversible, il reste cependant marqué par des facteurs réducteurs. Ainsi:

• La pauvreté matérielle et intellectuelle des citoyens altère leurs capacités et facultés civiques et ne leur permet de consacrer que peu de leur temps et surtout de leur génie à la gestion de la chose publique, ce qui par ailleurs ne favorise pas l’émergence d’une société civile véritable.

• Une fois au pouvoir, certains partis politiques ont tendance à se servir de l’appareil de l’Etat non pas pour consolider les acquis démocrates et servir l’intérêt général mais pour prendre en charge des intérêts exclusifs. Il s’agit en l’espèce d'une grossière perversion de la règle de l'alternance au pouvoir qui consiste à octroyer des droits indus aux militants des partis victorieux et à dénier leurs droits légitimes de citoyens aux militants des partis qui perdent les élections.

• Pour accéder au pouvoir, certains partis politiques ne s’interdisent pas souvent de recouvir aux manipulations des sentiments ethniques ou religieux du fait de leur rentabilité, ce qui débouche sur l’éveil de sentiments identitaires fort préjudiciables à l’unité et à la cohésion nationale.

• Enfin, le primat accordé par les traditions africaines aux logiques communautaires et collectives au dépens de l’individu comme facteur autonome, peut brouiller le jeu démocratique fondé sur le principe de la liberté et de l’égalité des hommes et des femmes en tant que citoyens.

 

2. Tous ces obstacles, pour réels qu’ils soient, ne font pas de la démocratie un projet hors de portée du continent africain. Ils sont la preuve qu’il s’agit d’un grand défi qui n’en accroît que davantage les responsabilités des sociaux-démocrates africains. De toutes les forces politiques en présence, la social-démocratie est celle qui dispose des atouts les meilleurs pour mettre en œuvre les mesures à même d’assurer la promotion de la démocratie ainsi que du développement du continent. Ces atouts sont les suivants :

• L’universalisme de son Projet, antinomique à toutes les discriminations, gage de l’unité et de la cohésion des pays, surtout par ces temps de grandes épreuves.

• La modernité de son approche reposant sur sa tradition d’ouverture, de tolérance et d’intégration. Ouverture au sens de son adhésion aux idéaux de l’Etat de droit, mais au sens aussi de son aptitude à assumer effectivement les impératifs actuels de l’intégration économique et institutionnelle du continent.

• L’humanisme radical de son projet, particulièrement en cette ère d’ultra-libéralisme où les Etats sont contraints de se soumettre littéralement aux injonctions des institutions financières internationales. Les principes de solidarité propres aux valeurs de la social-démocratie constituent un atout dans la définition d’une stratégie susceptible d’allier rigueur économique et impératifs sociaux.

• Enfin, son adhésion totale aux idéaux de la démocratie et de l’Etat de droit constituent des gages importants de nature à luis éviter les perversions très courantes par lesquelles les alternances au pouvoir sont perçues comme des occasions de prendre possession de l’Etat à des fins exclusives, induisant toujours l’exclusion des autres et les fatales tensions politiques corrélatives.

 

3. Eléments de résolution

L’enracinement durable de la démocratie sur le continent nécessite une plus grande implication de tous les partis socialistes, et pour cela mobiliser des mécanismes et ressources disponibles ou à rénover, dans le cadre des coopérations existantes. A cet effet, les partis membres de l’Internationale Socialiste sont invités expressément à œuvrer à la mobilisation efficace des concours nécessaires au développement optimal des organisations démocratiques, notamment le renforcement de tous les partis politiques et la société civile, le financement de la refonte des fichiers électoraux, etc., et conforter les programmes de formation pour l’élévation du niveau d’éducation et de civisme de toutes les populations.

L’enracinement de la démocratie, dépendant également d’un minimum de bien-être matériel, il importe de promouvoir effectivement les programmes de développement pour une sécurisation des systèmes de production de biens et services dans un contexte de mondialisation néo-libérale.

Les partis de l’Internationale Socialiste encourageront toutes les réflexions sur les voies et moyens de mécanismes et procédures qui facilitent l’emploi efficace des ressources intellectuelles qualifiées des ressortissants des pays africains.

 

B. A propos du deuxième thème sur la paix et la sécurité en Afrique:

1. Les conflits armés qui ont cours en Afrique peuvent être classés selon la typologie suivante :

• Les conflits liés à la transition démocratique provoqués par les difficultés d’établir un compromis entre les forces au pouvoir et les nouvelles forces qui y prétendent, conformément à la logique démocratique. L’on a dans cette catégorie des pays comme la République Démocratique du Congo (RDC), le Congo Brazaville, le Togo, la Guinée, et la République Centrafricaine.

• Les conflits à caractère identitaires opposant ethnies et même tribus, comme c’est les cas au Rwanda, au Burundi, au Soudan, et en Somalie. Ici également, au centre des crises se trouvent la question du pouvoir et la problématique des nouvelles modalités de sa gestion.

• Les conflits résultant de luttes motivées principalement par la volonté d’accéder à des richesses minières et d’en contrôler le trafic : la Sierra Léone, le Liberia, la RDC, et l’Angola.

• Les conflits régionaux nés d’un contexte d’insécurité globale conduisant à une situation de recomposition géopolitique : la région des Grands Lacs.

 

2. Les solutions à ces conflits doivent résulter d’un double effort, propre à chacun des pays concernés d’une part, et impliquant la communauté internationale d’autre part. Ils doivent viser à :

• L’instauration d’un Etat de droit authentique établissant et respectant des règles strictes d’une gouvernance démocratique basée sur des élections libres et régulières, débouchant, le cas échéant, sur des alternances au pouvoir, un respect scrupuleux des droits de la personne, et une gestion économique porteuse de bien-être social.

• Une garantie institutionnelle des droits des groupes minoritaires.

• Une répression internationalement assumée des facteurs générant le trafic des richesses minières.

• Une concertation et des initiatives parrainées par l’ONU, l’OUA, et les organisations régionales et sous-régionales (CEDEAO, SADC, IGAD) dans l’option de l’instauration d’une paix régionale réglant ces conflits sur des bases consensuelles fortes. L’IS peut à ce niveau jouer un rôle important de conseil tant auprès des Etats africains que des Etats européens gouvernés par des partis socialistes et sociaux-démocrates.

 

C. Sur le troisième thème, il ressort que :

La pauvreté est le plus grand défi auquel le monde est confronté en ce début du 21ème siècle. Ce fléau pose le problème de la viabilité de la vie sur terre si globalisée mais si peu solidaire.

Les stratégies de son éradication doivent combiner des moyens multiples dont les plus importants nous paraissent être les suivants :

• L’annulation de la dette des pays les moins avancés.

• Le renforcement du paradigme du DHD (Développement Humain Durable) en ses aspects visant notamment la protection de l’environnement.

• Un ordre économique international plus juste, à même d’assurer une plus juste rétribution des richesses et du travail produits dans les pays de l’hémisphère sud.

• La promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance à travers des mécanismes efficients.

• L’encouragement à la promotion de cadres d’intégration économique et politique, en particulier sur le continent africain.

• Des mesures de solidarité efficaces en vue d’endiguer la croissance du SIDA.

• La promotion de l’approche genre, de façon à faire aux femmes toute la place qu’il leur revient dans le développement des sociétés.

• L’Internationale Socialiste doit soutenir toutes les initiatives de la société civile internationale émergente, notamment de l’institution d’une taxe sur les circulations de capitaux spéculatifs, en vue d’instaurer des règles d’une solidarité internationale fondée sur des principes autres que ceux sur lesquels repose la mondialisation visant à accroître le profit des sociétés multinationales.

 

D. Des cas spécifiques

La réunion de Niamey, traitant des situations de conflits qui prévalent en Afrique, s’est appesantie sur la situation :

• Du Tchad, où elle condamne la tournure prise par la dernière élection présidentielle, tout en exprimant sa solidarité aux partis politiques de l’opposition, victimes de la répression.

• De la Mauritanie, où elle condamne l’interdiction de l’UFD/Ere Nouvelle, tout en exprimant à ce parti sa solidarité et son soutien dans le combat qu’il conduit courageusement. L’IS demande aux autorités de ce pays de prendre, en concertation avec les partis d’opposition, les mesures efficaces de nature à garantir l’organisation d’élections libres, transparentes et équitables.

• De la Côte d’Ivoire, où elle se réjouit de l’accession du FPI au pouvoir, et exprime son plein soutien et sa solidarité au gouvernement dans ses efforts pour la réconciliation nationale et la démocratisation du pays.

• Du Burkina Faso, où elle demande aux autorités d’ouvrir un dialogue sincère avec le collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, pour le renforcement de la démocratie et l’éradication de l’impunité relativement aux crimes économiques et de sang.

• De la RDC, où elle soutient les forces démocratiques, notamment l’UDPS, dans son combat pour construire une société démocratique.

• Du Cameroun, où elle condamne l’entreprise de confiscation du pouvoir et l’exercice de la violence par le régime en place, ayant abouti à l’exécution des neuf enfants de Bependa, et exprime son soutien au SDF, pour le combat remarquable qu’il conduit.

• De la Guinée, où elle se réjouit de la libération du Professeur Alpha Condé, Président du RPG, qui consacre la grande campagne de soutien organisée par l’IS. La réunion exige que tous les droits civiques du Professeur Condé lui soient restaurés de façon immédiate.

• Du Togo, où elle exprime sa préoccupation sur la crise politique qui perdure et qui risque de déboucher sur un conflit préjudiciable à la paix dans la sous-région. Elle encourage vivement la tenue des élections législatives anticipées, annoncées pour octobre 2001.

• L’Afrique, pour éviter des conflits fratricides interminables, doit continuer à faire preuve d’une grande vigilance eu égard à l’intervention des forces locales au service des intérêts étrangers.

 



LISTE DES PARTICIPANTS

 

Président du Comité
Ousmane Tanor Dieng
PS, Sénegal

 

Secrétaire Général de l’IS
Luis Ayala

 

AFRIQUE DU SUD
Congrès National Africain, ANC
Obed Bapela

 

ANGOLA
Mouvement Populaire pour la Libération de l’Angola, MPLA

Paulo T. Jorge
João Salvador Dos Santos Neto

 

BELGIQUE
Parti Socialiste, PS

Etienne Godin

 

BURKINA FASO
Parti pour la Démocratie et le Progrès, PDP

Joseph Ki-Zerbo
François Ouedraogo

 

CAMEROUN
Front Social-Démocratique, SDF

John Fru Ndi
Henry Akumbe Njiwah

 

CAP-VERT
Parti Africain de l’Indépendance du Cap-Vert, PAICV

Arnaldo Andrade

 

COTE D’IVOIRE
Front Populaire Ivoirien, FPI

Sébastien Dano Djédjé

 

FRANCE
Parti Socialiste, PS

Guy Labertit

 

GUINEE
Rassemblement du Peuple de Guinée, RPG

Diaka Diakite

 

MALI
Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, ADEMA-PASJ

Diocounda Traoré
Boubacar Ba

 

MAROC
Union Socialiste des Forces Populaires, USFP

Larbi Ajjoul

 

NIGER
Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme, PNDS

Mahamadou Issoufou
Bazoum Mohamed
Foumakoye Gado
Massoudou Hassoumi
Kalla Ankourao
Souleymane Kané
Karidjo Mahamadou
Katambé Issoufou
Alkach Alhada
Chrif Lamine
Kamay Maazou
Alhousseini Hadiza
Djibo Issaka
Kané Aïchatou

 

SENEGAL
Parti Socialiste, PS

Jacques Baudin

 

SUEDE
Parti Social-Démocrate Suédois, SAP

Roger Hällhag

 

TOGO
Convention Démocratique des Peuples Africains, CDPA

Léopold Gnininvi

 

TUNISIE
Rassemblement ConstitutionnelDémocratique, RCD

Habib M’Barek

 

Groupe Parlementaire du PSE
Jean-François Vallin

 

Secrétariat de l’IS
Latifa Perry
Sophie Thérouanne

 
Invités :

MAURITANIE
UFD/Ere Nouvelle

Ahmed Ould Daddah
Ahmed Lafdal

 

NIGER
Parti Nigérien pour l’Autogestion, PNA

Jackou Sanoussi
Abdou Oumarou
Kader Aminata

 

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS

François T Mpuila



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